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L'Europe rebondit fermement (rédigé le 10/06/2020)

Le rebond boursier a pris de l’ampleur cette semaine sur le Vieux Continent, l’optimisme des investisseurs étant porté par les espoirs d’un redémarrage économique volontaire et rapide ainsi que par le soutien réaffirmé de la Banque centrale européenne (BCE). Malgré deux séances de prises de bénéfices, le CAC 40 est parvenu à bondir au-dessus de 5 000 pts, pour un sommet touché à 5 199,65 pts. Depuis le creux inscrit en mars à 3 632,06 pts, la référence parisienne s’adjuge donc +43%. Ce mouvement était d’ailleurs généralisé en Europe où le Footsie 100 londonien et le DAX 30 francfortois s’envolaient vers de nouveaux sommets. De l’autre côté de l’Atlantique, cette même dynamique positive a débuté bien plus tôt et n’a pas été démentie cette semaine encore. Ainsi, le Nasdaq s’offre désormais le luxe d’afficher une performance positive depuis le 1er janvier. Comme si la crise du coronavirus n’avait finalement jamais existé...

 

A ce sujet d’ailleurs, les nouvelles sont bonnes, ce qui conforte évidemment l’optimisme des investisseurs. En Europe, la pandémie du covid-19 s’achève, comme en témoigne l’évolution des flux quotidiens de décès, d’hospitalisations et de nouveau cas, en chute libre. En dehors de l’Amérique latine, du golfe Persique et du sous-continent indien, le monde sort de cette période inédite où il a vu sa population se calfeutrer et cesser presque toute activité économique. C’est d’évidence là une bonne nouvelle, mais c’est maintenant que les conséquences de la pandémie vont véritablement commencer à être mesurées.

 

Ainsi, la Chine a vu ses importations de nouveau plonger en mai (-16,7% sur un an) pour toucher leur plus bas niveau depuis janvier 2016. Dans le même temps, ses exportations reculaient de -3,3% sur un an.

 

En Allemagne cette fois, la production industrielle a connu un nouveau recul mensuel historique de -17,9% en avril, après déjà -8,9% en mars. Moteur de la croissance outre-Rhin, le secteur automobile a subi une baisse de -74,6% de sa production sur un mois. Ces chiffres ont largement dépassé les prévisions les plus pessimistes des analystes et ne plaident pas pour une reprise si rapide qu’espéré par la majeure partie des intervenants.

 

Outre-Atlantique, ce sont les chiffres de l’emploi qui ont évidemment retenu l’attention. Et la surprise a été ici totale. En effet, selon les données communiquées par le Département du Travail, l’économie américaine a créé 2,5 millions d’emplois sur le seul mois de mai, quand les analystes tablaient de leur côté sur une destruction nette de plus de 7 millions de postes. Un écart jamais vu qui témoigne donc d’une reprise économique bien plus rapide encore que prévu. Le taux de chômage retombait ainsi à 13,3% de la population active, là où les attentes des économistes ressortaient à près de 20%, et après 14,7% publié pour avril. Les indices boursiers ont salué la nouvelle alors que plusieurs experts jugent que la contraction de l’activité liée au coronavirus sera finalement très différente d’une récession "habituelle".

 

Pour autant, et même si ces éléments n’ont pas été très commentés en France, les chiffres publiés comportent une erreur de taille qui aurait dû en limiter la portée. Mais les marchés en ont voulu autrement, les rachats de positions vendeuses dans l’urgence donnant lieu à une accélération "haussière" rarement vue sur la séance du vendredi 5 juin. En effet, le Département du Travail a noté que ses collecteurs de données avaient mal classé certains travailleurs pour le troisième mois consécutif. Sans cette erreur, le taux de chômage aurait dû atteindre 19,2% en avril et 16,1% en mai. On s’interrogera évidemment sur l’intérêt de publier des données erronées et sur le peu de cas qu’on fait les marchés de cette rectification.

 

Dans le registre, à nouveau, des nouvelles considérées comme positives, c’est vers Francfort où il fallait une fois encore tourner le regard. En effet, et comme attendu, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de renforcer et de prolonger son principal programme d’urgence (PEPP). L’enveloppe initiale de 750 Mds € de rachats d’actifs va ainsi être augmentée de 600 Mds €. Et elle a laissé entendre qu’elle pourrait aller plus loin encore. Dans le même temps, l’institution a annoncé qu’elle allait maintenir à zéro son principal taux d’intérêt. Par ailleurs, et à l’occasion d’un entretien accordé au quotidien Die Presse, le gouverneur de la banque centrale autrichienne et membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) Robert Holzmann, n’exclut pas que l’institution élargisse un jour ses rachats de titres aux actions : "il ne faut jamais dire jamais. Si la nécessité est là, cette discussion devra assurément avoir lieu". Tout en précisant que cette discussion "n’existe pas actuellement" au sein de la BCE. Il ne semble plus exister la moindre à limite à l’engagement des banques centrales. Et donc à la logique de flux qui participe depuis maintenant de longues années à la hausse des marchés. Mais cela est-il vraiment sain ?

 

En Allemagne encore, et au terme de deux jours de négociations, les partis membres de la coalition gouvernementale se sont accordés sur un plan de relance de 130 Mds € destiné à redynamiser une économie mise à mal par la crise du coronavirus. Ce plan porte sur des investissements, des soutiens à la recherche et à la consommation (le taux de TVA sera réduit sur les six prochains mois et certaines taxes abaissées). Il tourne le dos aux mesures sectorielles de court terme souvent privilégiées dans ce type de contexte.

 

Dans cet environnement, où tout allait donc dans le sens espéré par une majorité d’intervenants, les valeurs jusque-là délaissées et décotées ont pris leur revanche dans le cadre d’une rotation que nous avions déjà identifiée la semaine passée. Les banques, les foncières, les constructeurs automobile et les entreprises de l’aéronautique ou du domaine pétrolier étaient ainsi plus particulièrement entourées. Tandis que les valeurs de croissance de qualité, en particulier dans le secteur de la technologie, étaient a contrario moins recherchées.

 

Sur le marché des changes, on rel§èvera que la devise américaine poursuivait son repli pour perdre désormais -4,7% face à l’euro depuis un mois. La monnaie unique, qui cotait 1,131 $, a profité du retour de la confiance sur les marchés boursiers qui ont bondi de près de +25% dans la zone euro. Le plan de relance de l’économie allemande a donné un coup de pouce supplémentaire à l’euro, tout comme l’initiative franco-allemande éloignant l’hypothèse d’une crise politique dans la région. Au même moment, le roi dollar perdait un peu de sa superbe depuis la mort de George Floyd et en raison des émeutes qui mettent à mal l’image des États-Unis. Ces dernières laissent d'ailleurs planer le doute sur la capacité de Donald Trump à être réélu à la tête du pays.

 

Enfin, le prix du baril de pétrole (WTI) poursuivait son rebond dans la zone des 40 $. Comme convenu, l’Opep et ses alliés ont prolongé d’un mois l’accord de réduction de leurs quotas de production. L’effort portera sur 9,7 millions de barils par jour (mb/j) pendant un mois de plus que prévu, c’est-à-dire jusqu’à la fin juillet. La baisse de production passera à 7,7 mb/j à compter du mois d’août.

 

Retrouvez le sommaire du numéro de la semaine ici

 

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