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Un biais optimiste, malgré l'emploi américain (rédigé le 12/05/2020)

Cette semaine, les marchés ont continué d’hésiter sur la direction à suivre. Les investisseurs ont fait preuve tout à la fois d’espérance et de retenue. Tant en termes sanitaires qu’économiques, la visibilité continue, il est vrai, de faire défaut, ce qui explique la faiblesse persistante des volumes quotidiens. C’est donc au gré des conjectures et des hypothèses, forcément fluctuantes, que les indices ont, finalement, réussi à progresser sur les cinq derniers jours, le CAC40 à Paris revenant une nouvelle fois dans la zone des 4 500 pts. Ce qui témoigne donc, malgré les réserves, d’un certain optimisme.

 

Pour l’heure, les marchés écartent le risque d’une 2ème vague de contaminations, malgré la résurgence de foyers épidémiques en Allemagne, en Chine et en Corée du Sud. Un retour généralisé au confinement semble être exclu pour les investisseurs qui estiment que les Etats privilégieront, cette fois, des mesures plus ciblées et moins radicales pour ce qui est de leurs conséquences économiques. Par ailleurs, et malgré les accusations quasi-quotidiennes portées par l’administration Trump au sujet de la responsabilité de la Chine dans l’épidémie, Washington et Pékin ont repris les négociations sur les accords commerciaux. à l’issue d’une réunion bipartite, le représentant américain au Commerce a indiqué "qu’en dépit de la crise sanitaire mondiale en cours, les deux pays rempliront entièrement en temps et en heure leurs obligations prises dans le cadre de l’accord". Il est vrai que les protagonistes ont tout intérêt à ce qu’il soit mis en œuvre comme prévu, même de façon imparfaite. Après avoir été ravivée la semaine dernière, la crainte de nouveaux "affrontements" entre les deux pays s’est donc estompée. Ce qui a évidemment rassuré les marchés.

 

D’autres éléments positifs sont également à rapporter, par-delà le déconfinement qui se poursuit un peu partout dans le monde et en France, ce lundi 11 mai. Ainsi, du côté des entreprises, l’américain Uber a affirmé que son activité repartait de l’avant au cours des trois dernières semaines, tandis que son compatriote Ford annonçait une reprise de sa production d’ici quelques jours aux Etats-Unis.

 

Par ailleurs en Chine, et malgré une nouvelle contraction dans le secteur des services (44,4 en avril, contre 43 en mars pour l’indice PMI calculé par le cabinet IHS Markit), la hausse des exportations (+3,5%) a rassuré les intervenants. En effet, c’est la 1ère fois depuis le début de l’année que les exportations chinoises s’inscrivent en territoire positif. Le pays, d’où vient l’épidémie, connaît une meilleure fortune économique. Cela peut-il préfigurer ce qu’il adviendra, ailleurs dans le monde ? Les investisseurs le souhaitent, d’évidence, et ont donc salué la nouvelle.

 

Du côté des statistiques à nouveau, mais cette fois aux Etats-Unis, la moisson de la semaine a été abondante. Et tous les indicateurs pointent, évidemment, dans le sens d’une dégradation significative de la situation économique. L’activité dans les services, mesurée par l’ISM, est tombée à 41,8 en avril, contre 52 sur mars. Il s’agit là de la plus mauvaise performance enregistrée depuis mars 2009. Le déficit commercial du pays a par ailleurs rebondi en mars avec un plongeon des exportations, selon les données publiées par le Département du Commerce.

 

Mais surtout, ce sont les chiffres de l’emploi qui ont marqué les esprits cette semaine. Les chiffres ADP faisaient état de la perte de 20,2 millions d’emplois sur le mois d’avril, dont 40% pour les seuls secteurs du tourisme et des loisirs. Cette "tendance" a été confirmée dès le lendemain à l’occasion de la publication par le Département du Travail de son rapport mensuel. Ainsi, la pandémie du coronavirus a conduit à la destruction de 20,5 millions d’emplois en avril, un niveau record qui s’avère être le double du choc ressenti lors de la crise de 2007/2009. Dans les faits, il y a eu plus d’emplois détruits sur les deux derniers mois que créés au cours de la dernière décennie. Le taux de chômage, qui ressortait à 3,5% de la population active en février, s’est envolé à 14,7% en avril. Du jamais-vu depuis... juin 1940.

 

Pour autant, l’accueil qui a été réservé à ces chiffres s’est avéré positif, aussi étonnant que cela puisse paraître. Tout d’abord parce que les économistes s’attendaient à pire (maigre consolation, certes). Mais surtout, les investisseurs estiment que ce niveau de chômage constituera un pic et que la situation à venir sera immanquablement plus positive, pour les raisons évoquées plus haut. La Réserve fédérale de Cleveland table d’ailleurs sur un reflux du taux de chômage à seulement 7,5% de la population active en fin d’année.

 

Evidemment, ce type de comportement, outrancièrement optimiste, s’explique par l’afflux incessant de liquidités sur les marchés à l’initiative des banques centrales. Ces dernières jouent toujours un rôle de premier plan. Mais la question est de savoir si, faute d’annonces quotidiennes ou hebdomadaires dans ce sens, ce soutien gardera son efficacité dans la durée. Nombre de stratèges commencent d’ailleurs à s’inquiéter d’un rebond trop rapide au regard des fondamentaux des entreprises.

 

Les publications trimestrielles ont continué cette semaine. Et pour le S&P500, le recul des bénéfices devrait s’élever à -10% sur le 1er trimestre, soit mieux que prévu. Mais le 2ème trimestre devrait être bien pire : un effondrement de -50% est maintenant attendu. //

 

Retrouvez le sommaire du numéro de la semaine ici

 

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