À la une
Un tournant pour vos investissements ? (rédigé le 01/12/2016)
En octobre, l’indice américain des prix à la consommation a progressé de 0,40 % après avoir avancé de 0,30 % en septembre. Sur un an, l’inflation ressort désormais à 1,60 %. Dans le même temps, le taux directeur de la Réserve fédérale, que l’on peut définir comme le loyer de l’argent, ressort à 0,50 %. Le rendement net d’inflation est donc négatif de 1,10 %. Au regard de ces données, un resserrement monétaire paraît on ne peut plus logique.
Rappelons que la banque centrale américaine vise une inflation autour de 2 %. Selon les spécialistes du marché obligataire, la Fed opèrera une hausse de taux en décembre, la première depuis celle effectuée à la même période en 2015. Les responsables du comité de politique monétaire n’ont rien fait pour démentir les certitudes de la majorité des intervenants, ce qui a fini de convaincre les derniers sceptiques. Sur les marchés, l’élection de Donald Trump a constitué un argument supplémentaire en faveur d’une hausse des taux alors que son programme est présenté comme « inflationniste ». En réalité, il nous semble que l’arrivée du magnat à la Maison blanche donne enfin un alibi à la Fed pour remonter les taux, et ce bien que la croissance de l’économie n’ait jamais atteint ses objectifs (ce qui aurait, selon nous, dû la conduire à s’interroger sur le bien-fondé de son action, mais passons...).
Au final, le tableau économique va fortement évoluer outre-Atlantique. Alors que l’inflation accélère mais que la croissance reste globalement inférieure aux attentes, les taux d’intérêt vont remonter. Et l’Etat va quant à lui prendre le relais du soutien économique en misant sur une politique de grands travaux et en laissant filer le déficit budgétaire. Paradoxalement, l’Amérique va donc produire plus de de dettes au moment même où le coût de ses emprunts va s’accroître.
Au même moment, la zone euro semble également réfléchir à une évolution majeure de sa politique économique. Alors que la Commission européenne a une nouvelle fois invité les bons élèves de la zone euro, comme le Luxembourg, les Pays-Bas et surtout l’Allemagne, à « dépenser et investir plus pour eux-mêmes, dans l’intérêt de tous », la fin de non-recevoir exprimée par l’Allemagne semble masquer un début de négociation. Tandis que le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schauble, a invité le commissaire Moscovici à se concentrer sur le respect par les pays européens des règles en matière de déficit plutôt qu’à donner des recommandations d’investissement à l’Allemagne, le changement pourrait provenir de l’intérieur de l’Allemagne. D’ores et déjà, Angela Merkel, en quête d’un nouveau mandat, a annoncé vouloir augmenter les investissements dans les infrastructures en Allemagne dès l’année prochaine. Elle répond ainsi aux 58 % d’Allemands désireux de voir les recettes fiscales additionnelles réinvesties dans les grands travaux. Ira-t-elle plus loin ? Probablement si l’élection présidentielle française débouche sur un véritable programme de réduction des dépenses publiques. Une forme de donnant-donnant prendrait alors forme entre les deux premières puissances du continent. Et comme aux Etats-Unis, la banque centrale trouverait alors l’occasion de prendre du recul en réduisant son soutien, lequel ne peut être éternel.
Pour vos finances et vos investissements, ce scénario constituerait un tournant majeur. Il devrait vous inciter à délaisser les obligations (et fonds obligataires) à taux fixes ainsi que l’immobilier locatif et les SCPI qui ont été les grands bénéficiaires de la politique de taux nuls. Evitez également de bloquer votre argent sur des durées longues. Sur les marchés actions, attention aux groupes endettés qui ont cherché à maintenir du rendement sans en avoir les moyens. N’oubliez pas ce que dit Warren Buffet : « c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus ».