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Retour sur la baisse du dollar (rédigé le 16/09/2009)

(16/09/2009) La théorie selon laquelle l’avenir du dollar est compromis par la lourdeur de la dette américaine fait un retour en force. Après avoir vécu un été relativement stable, le billet vert est en effet reparti à la baisse face aux monnaies asiatiques mais aussi européennes. Dès lors, certains observateurs s’affolent et agitent le spectre d’un effondrement du roi-dollar. Dans le même temps, ce mouvement semble paradoxalement être encouragé par les autorités américaines. Dans ces conditions, faut-il véritablement s’inquiéter de la récente baisse du dollar ? Doit-on s’attendre à l’émergence d’une nouvelle monnaie de référence sur ses cendres ? Non, deux fois non. Les explications apportées à la désaffection dont souffre le dollar ne sont pas nouvelles. À chaque recul de la devise américaine, les mêmes arguments sont avancés : le déficit des États-Unis est vertigineux, les besoins en refinancement à court terme sont astronomiques et la Chine souhaite trouver une alternative au dollar en tant que monnaie de réserve. Pourtant, la crise a démontré une chose : dans les périodes de turbulences, les investisseurs se réfugient encore et toujours sur le billet vert. L’euro n’a-t-il pas chuté de 1,60 $ à 1,25 $ entre l’été 2008 et le début de l’année 2009 ? Le statut du dollar ne semble donc guère pouvoir être remis en cause à moyen terme. D’ailleurs, est-ce dans l’intérêt des pays partenaires des États-Unis de voir le dollar s’effondrer ? Au-delà de ses déclarations officielles qui visent à lui donner une stature de superpuissance économique, la Chine n’a aucun intérêt à enfoncer la devise américaine. L’ex-Empire du Milieu possède en effet 2 000 Mds $ dans ses réserves de change tandis que l’essor de son économie reste en grande partie basé sur les exportations vers le consommateur américain. En encourageant l’émergence rapide d’une alternative au dollar, la Chine verrait non seulement la valeur de ses réserves fondre mais aussi sa compétitivité reculer. L’économie chinoise n’est certainement pas prête à subir un tel choc. Faut-il d’ailleurs rappeler que le yuan n’évolue toujours pas librement sur le marché des changes ? De son côté, l’euro reste le principal concurrent du dollar. Mais là encore, la confiance accordée à la devise européenne ne semble pas suffisante pour en faire la nouvelle référence. Souvenons-nous tout de même que les difficultés affichées par certains membres de la zone euro ont conduit des cambistes à évoquer, durant la crise financière, une possible dislocation de l’union monétaire.        


Une baisse salvatrice pour l’amérique ?


Comme nous l’évoquions déjà avant la trêve estivale (voir PU n° 2381), le recul du dollar nous semble en revanche être un atout pour l’économie américaine à court terme. Une réduction du déficit commercial américain pourrait en effet ajouter 1,5 pt à la croissance de la première économie mondiale. L’effet de base étant particulièrement positif, le potentiel est élevé. Or, ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour le reste de l’économie planétaire. Dans le même temps, le discours tenu par les responsables économiques américains entretient l’idée d’une politique monétaire durablement accommodante. L’administration Obama n’a pour sa part apporté aucun soutien au dollar, ce qui semble logique compte tenu de ce que nous venons d’évoquer. Dans ces conditions et alors que la confiance fait son retour sur les marchés, les investisseurs sont implicitement encouragés à revenir au système du carry-trade qui consiste à emprunter dans une devise à faible taux d’intérêt – actuellement le dollar – et à placer ces fonds dans une autre devise à taux d’intérêt plus fort. La spéculation est donc bien de retour...

«Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème», avait indiqué John Connally, le secrétaire au Trésor du président américain Richard Nixon, à une délégation d’Européens en 1971. Ce constat reste d’actualité. La baisse du dollar servira, un temps seulement, les intérêts de l’Amérique. Le scénario d’une chute semble en revanche à écarter.

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