Economie : l’exception américaine peut-elle durer ?

taureau bull wall street

L’économie américaine reste finalement bien orientée, contre vents et marées. Ce qui constitue presque une « anomalie » à l’échelle de la planète.

La Bourse américaine surpasse par sa performance la majorité des autres grandes places financières depuis maintenant deux années. Jusqu’à les ringardiser. C’est là que « tout » se joue et qu’il faut être positionné.

Certes, le parcours boursier des « 7 Magnifiques » explique en grande partie le dynamisme de Wall Street. Mais plus globalement, c’est la bonne santé de la 1ère économie mondiale qui attire les investisseurs, d’où qu’ils viennent. En effet, l’hypothèse d’un ralentissement en ordre (soft landing) s’est tout d’abord confirmée. Puis par la suite, l’activité dans le pays est repartie de l’avant.

L’élection de Donald Trump, présenté comme « pro business » et partisan de dérégulations massives, a été bien accueillie par les acteurs économiques.

A quoi faut-il s’attendre cette année pour l’économie américaine ? 

Plus de croissance et moins d'inflation

Depuis début 2024, le PIB américain progresse. Sur 12 mois, sa croissance est passée de +1,6% au 1er trimestre à +3% au 2ème et enfin +3,1% au 3ème. Le risque de récession a donc été significativement écarté.

Au titre de 2025 et selon le consensus établi par Bloomberg, l’activité devrait croître de +2,1% aux états-Unis. Le contraste va s’avérer une fois de plus saisissant avec la zone euro.

En ce qui concerne les PMI (indices des directeurs d’achat), dont la portée prospective est avérée, les bons chiffres se sont succédé. L’indice PMI composite américain du mois de décembre 2025 est ainsi ressorti à 55,4, soit très nettement en zone d’expansion (>50).

Du côté de l’emploi, la situation reste positive, mais une dégradation est toutefois à l’œuvre. Ainsi, le nombre d’Américains ayant définitivement perdu leur emploi a culminé à 1,8 M en octobre 2024, du jamais-vu depuis novembre 2021. En fait, la recherche d’économies est devenue incontournable dans les entreprises – a fortiori dans celles du secteur de la technologie –, preuve s’il en est que la confiance des décideurs est loin d’être marquée par une grande sérénité. Les indicateurs d’emploi seront de fait à regarder de très près cette année. Une dégradation sur ce point permet toutefois de limiter les pressions « haussières » sur les salaires et favorise l’accalmie des prix.

Ainsi, les derniers chiffres de l’inflation ont montré que la désinflation se poursuivait, quoiqu’à un rythme assez lent. La hausse des prix est ressortie à +2,9% sur un an (CPI), conformément aux attentes. L’inflation sous-jacente (i.e. après exclusion des éléments les plus volatils) a (légèrement) reculé (+3,2%). Pour autant, rappelons que la Fed privilégie une autre mesure, l’indice PCE, qui s’est récemment stabilisée (+2,8% sur un an en novembre).

L’objectif de la Réserve fédérale (+2%) est encore bien éloigné, mais la direction prise semble être globalement la bonne, ce qui a rassuré les marchés. Là encore toutefois, l’évolution des prix va rester au centre des attentions. Et ce d’autant que le programme politique du nouveau Président américain est vu comme inflationniste. Reste à savoir s’il sera réellement mis en application.

Quelle politique monétaire ?

Car en 2025 et une fois encore, les regards des investisseurs vont se tourner vers la Fed dont la politique monétaire va continuer d’alimenter la volatilité des marchés.

Sur ce point, les attentes en termes de baisses de taux ont été passablement réduites face à une inflation persistante (voir supra). Les marchés, qui avaient jusqu’à très récemment des ambitions élevées, ont su encaisser ce choc. Mais leur réaction (très positive) à tout signal allant dans le sens d’une politique monétaire plus accommodante témoigne, si cela devait encore être prouvé, de leur dépendance presque maladive à l’évolution des taux.

Actuellement, la Fed anticipe deux réductions de taux directeurs d’un quart de point en 2025 (3,75%/4%). Une pause est attendue en janvier et pourrait être reconduite sur février et mars, le temps que la banque centrale fasse le point sur l’état de l’économie américaine. Et sur l’effet de la politique (à définir) que Donald Trump entend mener à la tête du pays.

Election de Donald Trump : des effets incertains

Car à ce niveau que l’incertitude est là encore de mise. Le programme du candidat s’avère particulièrement ambitieux et… inflationniste, à travers la mise en place de droits de douane élevés et de mesures anti-immigration.

Pour preuve, les taux américains ont salué la victoire du milliardaire par une envolée rarement vue (4,60% pour les T-Notes à 10 ans, au dernier pointage). Et sa volonté de réduire tout à la fois les déficits à 3% du PIB (contre 6,4% actuellement) comme de baisser les impôts de manière drastique (à 15% par exemple pour l’Impôt sur les sociétés) interroge nombre d’économistes.

Ces derniers estiment d’ailleurs que le Président va devoir amender le programme du candidat. Comme on le voit d’ailleurs en ce qui concerne les droits de douane, la hausse volontariste promise par Donald Trump pourrait être finalement réduite, plus ciblée et mise en place de manière progressive.

L’activité économique aux Etats-Unis pourrait être stimulée à court terme par les baisses d’impôts et l’assouplissement de la réglementation. Mais les effets inflationnistes des décisions prises par l’administration Trump vont contraindre la Réserve fédérale. La question de la soutenabilité des finances publiques va également devoir être posée. Et ce sans doute très rapidement.

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