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La saison des résultats va commencer (rédigé le 15/04/2020)

La semaine boursière, écourtée en raison des fêtes de Pâques, a été marquée par une hausse quasi-généralisée des indices, une hausse qui a été principalement portée par le rebond des valeurs ayant récemment le plus souffert. Les investisseurs estiment désormais que la pandémie a atteint une sorte de plateau, comme en attestent les données sanitaires publiées par plusieurs Etats.

 

Les sentiments les plus sombres se sont dès lors et quelque peu estompés. La question du déconfinement est maintenant abordée de façon volontariste, même si ses modalités restent encore et généralement très imprécises. Certains pays ont toutefois fait des annonces détaillées à ce sujet. Mais c’est d’évidence un saut dans l’inconnu qui se prépare. Avec le risque, réel, d’une deuxième vague de contaminations et d’un retour aux mesures prophylactiques ayant mis à l’arrêt l’économie mondiale.

 

Dans ce cadre, les analystes se font partagés et la question d’un possible retour sur les récents plus bas (voire en deçà de ces niveaux) reste posée. D’autant que le récent mouvement de hausse paraît quelque peu excessif à nombre d’entre eux. Et surtout, les investisseurs vont bientôt pouvoir évaluer concrètement les conséquences de la crise sur les résultats des entreprises alors que la saison des résultats trimestriels débute cette semaine. Des données précises, réelles et tangibles vont remplacer les estimations imparfaites sur lesquelles reposaient jusqu’à maintenant les décisions d’investissement. Quelques certitudes positives, liées aux actions conjointes des états et des banques centrales, pourraient être délaissées.

 

Le risque est d’importance. Mark Hogan, stratégiste chez Tower Bridge Advisors, résume d’ailleurs parfaitement bien la situation. Interrogé par l’AFP, il déclare ceci : "les marchés chutent habituellement quand un problème est identifié, remontent quand la situation se stabilise et replongent quand les dégâts économiques se concrétisent", rappelant à cet égard le précédent de 2008. Tenter d’éviter "les dégâts économiques" est l’objectif des gouvernements et des banques centrales.

 

D’ailleurs cette semaine, la Réserve fédérale américaine, qui multiplie les annonces, a indiqué la mise en place de nouveaux prêts à destination, principalement, des petites entreprises et des collectivités pour un montant de 2 300 Mds $. Ces mesures additionnelles ont rassuré les marchés d’autant que le Président de la Fed, Jerome Powell, s’est voulu optimiste, affirmant qu’il y avait de grandes chances pour que la reprise économique soit solide aux Etats-Unis. Les minutes de la dernière réunion de politique monétaire de l’institution témoignent pourtant d’une très grande incertitude et évoquent "un grave danger sur les perspectives économiques". Mais le métier de banquier central est d’évidence devenu un métier de communicant.

 

L’heure de la reprise n’a pas sonné, alors que l’hypothèse d’un rebond de l’activité en "V" ne compte plus guère d’émules au regard de la persistance des mesures de confinement. Du côté des statistiques publiées cette semaine, les mauvais chiffres se sont d’ailleurs accumulés. Ainsi et pour l’exemple, le nombre de nouvelles demandes d’allocations chômage s’est stabilisé à 6,61 millions, là où le consensus ressortait à 5,25 millions. Sur les trois dernières semaines, ce sont au total plus de 15 millions d’Américains qui se sont inscrits au chômage. Du jamais-vu. Aux Etats-Unis toujours, la chute de la demande a provoqué une forte baisse des prix. L’indice des prix à la consommation a reculé de -0,4% selon le Département du Travail. Sur un an, la hausse des prix est passée de +2,3% fin février à +1,5% fin mars.

 

De ce côté-ci de l’Atlantique, la crise du coronavirus commence également à se traduire en chiffres. Ainsi, en France, le Produit intérieur brut (PIB) a dévissé de -6% au 1er trimestre, selon les estimations mises à jour par la Banque de France. Si elles devaient être confirmées, nous serions en présence de la pire performance trimestrielle pour l’économie française depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Dans ce cadre, le débat entre coût sanitaire et coût économique du confinement va nécessairement s’intensifier. Toujours selon la Banque de France, le tissu productif hexagonal tourne à seulement 32% de ses capacités de production. Tandis que la consommation des ménages s’inscrit en baisse de -30% environ. Pour résumer, il a suffi de deux semaines de confinement pour gommer presque cinq années de croissance... Et la situation pourrait être pire encore : pour 2020, les économistes tablent sur un recul du PIB français de -10% à -15%. Pour un déficit public de l’ordre de 9% du PIB sur l’année, selon les dernières estimations dévoilées par le ministre Gérard Darmanin. Le mal est donc profond.

 

Cette semaine a également été marquée par l’annonce d’un accord portant sur une baisse de la production de pétrole destiné à faire remonter des cours qui s’étaient littéralement effondrés suite à la crise du coronavirus et à la décision, surprise, de l’Arabie Saoudite d’augmenter sa production. Ce dernier, à l’initiative de l’Opep et d’autres pays producteurs regroupés dans ce qui est appelé "l’Opep+", porte sur 9,7 millions de barils par jour (mb/j) pour les mois de mai et de juin. Puis de 7,7 mb/j de juillet à décembre et enfin de 5,8 mb/j de janvier 2021 à avril 2022. Un accord pour le moins alambiqué et peu lisible qui n’a pas convaincu les marchés, le WTI repartant à la baisse pour désormais évoluer dans la zone des 22 $, contre près de 27 $ il y a une semaine seulement.

 

Donald Trump, qui tente de sauver des emplois et des entreprises dans le domaine du schiste américain, n’entend pas en rester là. Quitte à inventer une réalité alternative, en tweetant : "pour avoir été impliqué dans les négociations [...], l’Opep+ envisage une coupe de 20 millions de barils par jour et non de 10 millions, comme il est généralement rapporté". Il n’a toutefois et à cette heure convaincu personne.

 

Enfin, et dans un cadre plus politique, mais non sans conséquence pour les marchés, comme nous l’avons déjà évoqué, le candidat démocrate et ouvertement socialiste Bernie Sanders a finalement jeté l’éponge dans la course à la Maison blanche pour se rallier à Joe Biden, dont le programme est bien plus "centriste" et moins "effrayant" pour Wall Street. Ce risque politique a donc vécu, ce qui constitue une bonne nouvelle. Mais elle ne pèse pas grand chose au regard des interrogations évoquées ici même. //

 

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