X
  1. Espace abonnés
Propos Utiles

Conseils boursiers depuis 1952

" Il m'importe peu que tu adoptes mes idées ou que tu les rejettes pourvu qu'elles emploient toute ton attention." Diderot

Nous contacter
01 45 23 10 57
sans surtaxe

À la une

Le début d'un retour à la réalité ? (rédigé le 21/04/2020)

La semaine a été marquée par une alternance de séances de hausse et de baisse, pour une performance finale globalement stable. Malgré tout, le rebond de l’indice de volatilité (VIX) dans la zone des 43 pts témoigne d’une situation bien plus contrastée que ne le laisse apparaître la performance des principaux indices sur la période.

 

D’un côté, les marchés ont profité des annonces de redémarrage partiel de l’économie dans plusieurs régions du monde (des entreprises en Italie, en Autriche, en Espagne et en Allemagne ont rouvert cette semaine), ainsi que de l’espoir d’un traitement contre le coronavirus. Sur ce dernier point, le site spécialisé Stat News a fait état de premiers résultats prometteurs pour un médicament développé par le laboratoire Gilead dans le traitement des cas les plus sévères de covid-19. Les investisseurs veulent résolument y croire, quitte à s’affranchir des précautions d’usage, en cette matière comme dans bien d’autres.

 

Aux Etats-Unis, Donald Trump entend désormais déconfiner le pays et relancer l’activité. Son approche, toujours tonitruante, emprunte évidemment à la politique : alors que les élections présidentielles se dérouleront dans quelques mois, il s’oppose ainsi aux mesures de confinement prises par plusieurs gouverneurs démocrates, qu’il juge trop strictes. De façon plus générale, le Président américain prévoit une réouverture du pays "Etat par Etat", sur la base de données sanitaires, sans pour autant se hasarder à fournir un calendrier. Au dernier pointage, les Etats-Unis ont recensé plus de 41 000 décès liés au covid-19.

 

De l’autre côté, les marchés ont du faire face à plusieurs annonces négatives. Lesquelles témoignent de l’importance des conséquences économiques de la crise. Pour les analystes, le redémarrage devrait prendre du temps, coûter cher aux entreprises et ne concerner, dans un premier temps, qu’une partie d’entre elles. D’autant que la mise en place de nouvelles mesures sanitaires risque de freiner la reprise.

 

De fait, la hausse enregistrée par les indices (le Nasdaq n’est plus qu’à 15% de son récent record historique) semble difficile à soutenir si l’on part de l’idée que "le monde d’après" ne sera pas le même que celui d’avant. Pour ce qui est de ce constat, la réalité commence à s’imposer, difficilement mais pas à pas. Et en ce qui concerne les perspectives, quelques précisions semblent désormais pouvoir être apportées, malgré des zones d’ombre importantes.

 

Ainsi, le Produit intérieur brut (PIB) chinois a enregistré un recul de -6,8% au titre du 1er trimestre, sur un an. Il s’agit là d’un choc inédit depuis la fin de Révolution culturelle en 1976. La production industrielle du pays s’est effondrée de -9,8%. Du jamais-vu. Les Chinois doivent désormais composer avec une baisse de leurs revenus. Et le pouvoir central avec une hausse du chômage aux conséquences sociales et politiques imprévisibles. De nouvelles baisses de taux d’intérêt ont été annoncées.

 

Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale a dressé un sombre tableau de l’économie à l’occasion de la publication de son Livre Beige, évoquant "une forte et brutale contraction de l’activité économique dans toutes les grandes régions" du pays. Et la Fed d’indiquer que "la plupart" des entreprises interrogées "s’attendent à une détérioration des conditions au cours des prochains mois". En trois semaines, le pays compte désormais 16,7 millions de nouveaux demandeurs d’allocation chômage (+5,2 millions la semaine passée). Ces derniers jours, la Réserve fédérale faisait état d’une contraction de -5,4% de la production industrielle en mars, sur un mois. Un recul inédit depuis 1946.

 

Dans notre pays cette fois, les ventes de détail se sont effondrées de -24% en mars selon les données fournies par l’Insee. Seuls les produits pharmaceutiques et alimentaires parvenaient à tirer leur épingle du jeu.

 

De son côté et dans une démarche cette fois plus prédictive, le Fonds monétaire international (FMI) s’attend à un repli de -3% du PIB mondial en 2020, les pays industrialisés étant les plus touchés. Et évoque une contraction pouvant aller jusqu’à -6% si les mesures de confinement se prolongent. Pour l’économiste en chef de l’institution, "l’ampleur et la vitesse de l’effondrement de l’activité ne ressemblent à rien de ce que nous avons connu au cours de notre vie".

 

Dans ce cadre, les investisseurs ont eu toutes les difficultés à analyser les publications trimestrielles des entreprises, rendues publiques au cours de la semaine. Les états-majors restent vagues, de façon finalement très logique compte tenu des incertitudes qui se prolongent. Ils préfèrent généralement suspendre leurs prévisions annuelles, dans l’attente de nouveaux éléments à même de leur fournir un peu de visibilité. Une tendance pourrait toutefois se dessiner dans les prochains jours.

 

Au cours de la semaine enfin, le contraste a été évident entre la relative fermeté des indices, qui témoignait d’anticipations finalement plutôt positives, et la nouvelle chute brutale et inédite des cours du pétrole, prêtant quant à elle le flanc à une contraction d’ampleur de l’activité économique mondiale. Le baril de WTI livrable en mai (une échéance prenant fin le 21 avril) s’est littéralement écroulé. Et pire encore, lors de la séance du lundi 20 avril, il clôturait en territoire négatif (-37,63 $), pour la 1ère fois de son histoire. En d’autres termes, les investisseurs étaient prêts à payer pour se "débarrasser" de leur pétrole ! Ce scénario est avant tout technique. Mais il interpelle. Comment l’expliquer ?

 

Rappelons que le pétrole est un marché à terme. Or c’est l’échéance du mois de mai qui est concernée par ce recul, laquelle prenait fin le mardi 21 avril. Dans les faits, les vendeurs se sont hâtés de trouver des acheteurs en mesure de prendre physiquement possession de leur marchandise, faute d’avoir le temps de revendre leurs contrats. Or, compte tenu des capacités de stockage désormais presque nulles (le ralentissement économique lié à la crise actuelle du coronavirus réduit la consommation de pétrole), aucun acheteur ne se présentait, faute d’être en mesure d’entreposer ce brut. D’ailleurs, le dépôt pétrolier de Cushing, dans l’Oklahoma (Etats-Unis), est saturé, tandis que les tankers conservent leur cargaison à bord, sans possibilité de le débarquer.

 

A l’échéance du contrat de mai, les regards se tournent désormais vers celle de juin. Pour cette dernière, le baril valait mardi 21 avril au matin plus de 21 $. La question du stockage reste toutefois entière et pourrait se reposer à nouveau, à la fin mai. Les valeurs pétrolières et parapétrolières étaient évidemment affectées par la situation inédite observée ce lundi 20 avril, mais dans des proportions contenues. Les regards se tournent avec insistance vers les pays producteurs qui vont devoir prendre en compte cette situation et réduire leurs exportations. //

 

Retrouvez le sommaire du numéro de la semaine ici

 

Pour connaître nos conseils, notre méthode d'investissement et pour gagner en Bourse, abonnez-vous à Propos Utiles (12 pages d'analyses et de conseils / 48 numéros par an) en cliquant ici.

 

Copyright (c) Propos Utiles www.proposutiles.fr