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Matières premières : un rapport négatif (rédigé le 31/05/2016)
Le retournement des marchés des matières premières, entamé en 2014 et qui s’est amplifié l’an dernier, va-t-il prendre fin ? A en juger par les conclusions du dernier rapport CyclOpe, cette hypothèse est illusoire. Et le « fautif » ne serait pas celui que l’on croit.
2015, nouvelle année de baisse
Spécialisé dans les matières premières, le Cercle CyclOpe dresse un panorama du secteur pour le moins négatif à l’occasion de son dernier opus annuel. Quelques rappels liminaires s’imposent : en 2015, et à l’exception du cacao (+ 2 %) et de la potasse (+ 3 %), toutes les matières premières exprimées en dollars ont vu leur prix chuter et parfois s’effondrer. La viande de bœuf américain et la laine ont corrigé de 5 %, l’or de 8 %, le riz de 11 %, le coton de 15 %, le café de 20 %, l’acier de 25 %, la gaz naturel de 35 % et le pétrole de 46 %. Attention toutefois, les effets de change ont été significatifs l’an passé. Le billet vert s’appréciait de 15 % dans l’anticipation d’une hausse des taux et en réaction aux mesures non-conventionnelles adoptées par plusieurs banques centrales. Exprimés en reals ou en rouble, certains prix ont donc parfois augmenté sur la période.
Quelles explications ?
Comment expliquer cet effondrement ? Philippe Chalmin, le fondateur de CyclOpe, se refuse à évoquer la fin d’un « super-cycle », notion à laquelle il ne croit guère. Et repousse de la même main, et donc logiquement, l’impact du ralentissement économique chinois. « Certes, des produits comme le cuivre, le nickel et même le minerai de fer en ont particulièrement souffert. Mais la Chine n’a pas pour autant diminué ses importations ni probablement sa consommation [...] », indique le Professeur à Paris-Dauphine. Pour ce dernier, ce sont avant tout les producteurs qui sont responsables de la situation des prix. Leur stratégie de « défense » voire de « conquête de parts de marché » ont donné lieu à de véritables guerres commerciales qui ont entraîné les cours des matières premières au tapis. Le cas du pétrole est ici emblématique, mais de tels agissements ont également été de mise dans le secteur des métaux (aluminium, fer, etc.). Il reste que cet élément, jugé déterminant par CyclOpe, n’a pas provoqué la baisse « initiale » des cours, mais a sans doute accentué leur recul, parfois jusqu’à un excès certain.
Quelles perspectives ?
Depuis plusieurs mois, certaines matières premières ont retrouvé un peu de hauteur. Mais ce mouvement ne devrait pas durer selon CyclOpe qui table sur un mouvement de recul, ou de stabilisation sur des niveaux peu élevés, non seulement en 2016 mais également et au moins jusqu’à la fin de la décennie actuelle. Philippe Chalmin et son équipe estiment que les mesures destinées à contenir l’offre ne sont pas assez volontaires pour envisager un rebond des cours. Et semblent écarter l’idée de tensions pourtant évoquées par d’autres stratèges qui s’inquiètent de la forte contraction des investissements.
L’impact du ralentissement chinois et des émergents est à notre sens sous-estimé par le rapport CyclOpe, même si celui-ci n’a pas été le même pour toutes les matières premières. Les stratégies adoptées par les producteurs, pays comme entreprises, ont incontestablement accentué le phénomène. Il reste qu’en l’absence de rebond du géant asiatique, les pressions « baissières » devraient continuer de s’exprimer. Pour autant, il apparaît que les producteurs commencent à réviser leur biais (dans le minerai de fer aujourd’hui et demain sans doute dans le pétrole). Nous restons positionnés sur l’or dans un souci de couverture et sur Rio Tinto (notre limite haute a dernièrement été abaissée). Pour le pétrole, nous poursuivons nos manœuvres.
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