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Chine : l'impossible reprise économique (rédigé le 27/09/2016)

En dépit des déclarations des dirigeants chinois et de la confiance des investisseurs dans la capacité du pays à rebondir, les chiffres macroéconomiques de l’ex-Empire du Milieu demeurent maussades et ne préfigurent en aucun cas d’une quelconque reprise. Pour commencer, la croissance de la production industrielle, divisée par deux par rapport au début de la décennie, ne montre aucun signe d’amélioration. L’industrie chinoise est globalement étouffée par ses surcapacités, héritées des excès passés mais pas seulement. Comme le souligne le Fonds monétaire international (FMI), la baisse des taux d’intérêt décidée par Pékin, dans le sillage des autres puissances économiques, bénéficie essentiellement aux entreprises d’Etat, lesquelles sont lourdement endettées mais protégées par la garantie publique. Dès lors, ces mastodontes mal gérés et très politisés poursuivent ce qui s’apparente à une allocation irrationnelle et inefficace des ressources financières du pays.

 

Le recentrage sur la consommation est très théorique

 

Dans ce contexte, l’assainissement de l’économie, qui doit passer par la réduction des surcapacités dans l’acier, le ciment ou encore le raffinage, ne vient pas, et ce en dépit de quelques annonces médiatiques de Pékin. Parallèlement, la réorientation de l’économie vers la consommation intérieure reste là aussi un vœu pieux. La hausse des ventes de détail continue de s’éroder (croissance mensuelle de 0,75 % par mois, contre 1 % en moyenne au cours des cinq années précédentes) tandis que les importations stagnent. L’économie chinoise reste par ailleurs très dépendante de la spéculation immobilière. De fait, les injections de liquidités décidées par Pékin ont empêché la réduction des énormes stocks de logements accumulés et accru la dépendance du secteur bancaire à l’immobilier. Au final, la Chine opère une course en avant qui pourrait s’avérer catastrophique lorsque la bulle maintenue à bout de bras éclatera finalement. La hausse de la dette des entreprises (130 % du PIB) est accompagnée d’une montée sensible des taux de défaut. Dans ce contexte, Pékin multiplie tardivement les appels du pied en direction des entreprises étrangères (ouverture de l’exploitation des aéroports et du secteur pétrolier, création d’une passerelle entre les places de Shenzhen et Hong Kong). Mais en dehors du secteur automobile (où là aussi des surcapacités se forment), ces dernières restent timorées et inquiètes. Non sans raison.

 

Les banques masquent les créances douteuses

 

Officiellement, les cinq grandes banques chinoises (ICBC, CCB, Bank of China, Agricultural Bank of China et BoCom) affichent des taux de créances douteuses inférieurs à ceux constatés en France ou en Allemagne (1,81 % contre 4,3 % et 3,4 %). Bien sûr, personne n’y croit. Notamment parce que ces établissements préfèrent accroître le volume de prêts octroyés pour diluer dans la masse ceux qui posent problème. Le problème reste toutefois de savoir quelle pourrait être la réalité. Selon le FMI, le taux serait de 15 %...

 

La crise que traverse l’économie chinoise est structurelle. Il est illusoire de croire que le pays pourra repartir de l'avant sans passer par un assainissement significatif. Or, celui-ci est continuellement repoussé dans le temps afin d’éviter toute amplification de la contestation sociale. Attention, le dossier « chinois » est loin d’être clos. //

 

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