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Un marché en vase clos (rédigé le 13/06/2017)

Il existerait une économie "réelle". Celle du réveil qui sonne le matin, du travail, des contrats, des bulletins de paie et des rapports humains. Celle-ci s’opposerait à une économie qualifiée cette fois de "virtuelle" où des milliards s’échangent en une fraction de seconde, celle des options, des OPA et autres grandes fortunes. Deux économies, donc deux mondes, qui cohabiteraient, voire s’affronteraient. Cette vision, caricaturale et idéologiquement orientée, n’est pas la nôtre. Pour autant, faudrait-il être aveugle pour ne pas constater que les marchés financiers évoluent depuis de longs mois dans une sorte de monde parallèle ou de vase clos ?

 

La hausse se nourrit de la hausse, les mauvaises nouvelles conjoncturelles sont remisées et les bonnes surexploitées. Tandis que certaines problématiques n’ont tout simplement pas droit de cité. Evoquons ainsi les Etats-Unis. Si les chiffres de l’emploi y sont bien orientés (on notera toutefois que Moody’s s’est interrogée sur la manière dont ils étaient calculés), l’activité peine. Le potentiel de croissance de la 1ère économie mondiale est ainsi tombé à +2,5%, tandis que nombre d’indicateurs d’activité déçoivent. L’élection de Donald Trump a permis de jeter un voile sur cette réalité alors que les marchés tablaient sur des centaines de milliards de baisses d’impôts. Mais le contexte a radicalement évolué.

 

Le nouveau Président est désormais très décrié et politiquement isolé. Que restera-t-il de son programme ? Bien peu de choses, jugent désormais les analystes. Après s’être envolé de +15%, les marchés américains ont-ils baissé dans ce nouveau contexte ? En aucun cas. Et les stratèges d’expliquer que la question n’est plus là. Certains d’entre eux estiment même qu’une démission ou une destitution de Donald Trump donnerait finalement un nouvel élan aux indices. Non, ce n’est pas un rêve...

 

Et si nous évoquions la Chine dont les statistiques, largement bidonnées, pourraient prêter à sourire si le responsable de l’INSEE locale n’avait pas été condamné à la prison à vie, pour des faits de corruption, nous dit-on ? L’endettement explose dans le pays, tout comme les créances douteuses. L’activité est tenue à bout de bras par les investissements publics redondants. Mais qui s’en soucie ? Le FMI et d’autres institutions n’ont eu de cesse d’alerter les marchés. Sans effet, jusque-là.

 

Et que dire enfin du secteur des matières premières ? Les cours chutent, ce qui témoigne dans un monde "normal" d’une baisse de la demande, mais personne ne semble vouloir faire le lien avec l’activité. Le cas du pétrole est à cet égard emblématique : focalisé sur les stocks américains, les investisseurs négligent les autres composantes de ce marché. La mise au ban du Qatar, l’instabilité de la région du Golfe, le retour sur le devant de la scène de l’Iran qui bouleverse certains "équilibres" : ces éléments n’auraient dorénavant aucune portée sur le prix du brut ?

 

Certains évoqueront la mainmise des algorithmes et de la haute-fréquence qui troublerait le jeu : la marche au hasard des indices s’en trouverait orientée vers une seule et unique direction, le réel n’ayant alors plus aucune prise sur une machine qui s’emballerait. Cet élément ne doit pas être négligé, Pour autant, cette réponse ne nous paraît pas suffisante. Car il est un élément qui a totalement bouleversé le "jeu boursier", lequel prend toute son ampleur, à savoir les politiques monétaires. Quel que soit l’élément négatif qui viendrait raviver les craintes des marchés, les intervenants estiment que la Fed et la BCE n’auront d’autre choix que de réagir, c’est-à-dire baisser les taux (si cela est possible), réactiver ou élargir les rachats d’actifs, bref, soutenir la cote, éviter le krach et la récession. Dès lors, il n’y aurait plus de raison de s’inquiéter. Mais combien de temps cette illusion tiendra-t-elle encore ?

 

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