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Stratégie : il faut raison garder (rédigé le 19/09/2012)

« Vos désirs sont des ordres ». Voilà en substance ce qu’auraient pu répondre aux marchés et à nos dirigeants politiques les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine, ainsi que les membres du Tribunal constitutionnel fédéral de Karlsruhe (Allemagne). Ces trois institutions, dont on se demande en quoi elles peuvent prétendre à revendiquer une quelconque indépendance vis à vis du pouvoir, ont en effet et comme prévu abondé dans le sens de ceux qui tiennent le manche et qui ne voient l’issue de la crise actuelle que dans le recours à de nouveaux engagements. Plus de dettes afin d’effacer les dettes, pour ainsi dire.

 

La BCE (voir PU n° 2532, pages 1 et 4) a ainsi annoncé la création d’un nouveau programme de rachat illimité d’obligations d’états baptisé OMT. Prochainement, l’institution francfortoise devrait même abaisser son principal taux d’intérêt de 25 pts de base, sous les hourras du marché (cette décision étant attendue, elle ne se traduira pas par une hausse des cours).

 

De l’autre côté de l’Atlantique, la Fed a pour sa part lancé un nouveau programme d’assouplissement quantitatif (QE). Le QE3, qui succède donc à un QE1 et à un QE2 dont l’impact respectif reste à mesurer, devient réalité, là encore pour la plus grande satisfaction des institutions bancaires qui pourront allégrement continuer à transférer leurs actifs « pourris » vers les états et donc les contribuables.

 

Enfin, l’Allemagne a donné son feu vert au mécanisme européen de sauvegarde (MES) via la décision des sages de Karlsruhe (celle-ci se devra toutefois d’être confirmée lors d’un second avis, cette fois définitif). Nos voisins d’outre-Rhin ont donc encore une fois mangé leur chapeau, ce qui a pour conséquence de raviver les sentiments anti-européens d’une frange sans cesse plus nombreuse de la population locale. En allant dans le sens voulu par les marchés (toujours plus de liquidités) et leur vision courtermiste, la BCE et la Fed ne cherchent pas une issue à la crise actuelle mais simplement à gagner du temps. Le but de ces manœuvres : desserrer la contrainte qui pèse actuellement sur certains pays européens (Grèce, Portugal, Espagne et Italie), éviter une explosion de la zone euro et permettre aux responsables politiques nationaux de mettre sur pied les réformes structurelles à même de relancer l’activité et réduire les déficits publics. Voilà qui serait louable, sauf lorsque l’on connaît les relations quasi-incestueuses qu’entretiennent les dirigeants des banques centrales et le monde politique. 

 

Le risque est ici évident et une question se pose donc : le temps gagné sera-t-il véritablement employé à ces fins ? Rien de moins sûr. Déjà, nous constatons que la Grèce pourrait obtenir un délai supplémentaire dans la mise en place des mesures nécessaires à un assainissement de ses finances. L’Espagne souhaite également se donner un peu plus de latitude. En France, l’OFCE (voir PU n° 2530, page 4) va dans le même sens et milite pour que l’objectif de réduction des déficits soit repoussé dans le temps. Nombre d’économistes médiatiques plaident d’ailleurs pour un assouplissement des contraintes et une révision des calendriers. Gageons donc que d’ici quelques jours ou semaines, les objectifs assignés à tel ou tel pays seront modifiés. Et espérons par la suite que les efforts entrepris (réels pour certains pays comme le Portugal, l’Espagne ou l’Italie, difficilement quantifiables pour d’autres comme la Grèce et la France) seront poursuivis et mieux répartis. Dans le cas contraire, les tensions réapparaîtront aussi vite qu’elles sont nées. Et les marchés boursiers en prendront alors immédiatement ombrage. Si nous manifestons notre désaccord de fond avec les mesures prises récemment, nous nous en satisfaisons au seul plan boursier et pour ce qui est du parcours de nos valeurs en portefeuille et des opérations menées. Attention toutefois ne pas se bercer de douces illusions (le début de ce texte est là pour rappeler la situation telle que nous l’apprécions) : cette hausse des indices reste plus que jamais fragile.

 

Après avoir renforcé nombre de valeurs dans la zone des 3 000 pts, nous avons multiplié les allégements bénéficiaires, comme vous avez pu le constater. Respectez nos limites hautes, même si celles-ci vous semblent trop conservatrices : un « tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».

 

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