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Et si l'on reparlait du pétrole ? (rédigé le 29/12/2010)
Que les craintes d’un pic pétrolier, si vivaces voici encore deux ans, ont semblé éloignées des préoccupations des investisseurs en 2010 ! Pas un instant, l’or noir n’a fait la une de l’actualité. Même en cette période de froid intense, autrefois un terreau propice à la « spéculation », les gazettes économiques préfèrent titrer sur les difficultés budgétaires de la zone euro. Abandonné par les journalistes mais aussi par les banques et les fonds « spéculatifs », le pétrole s’est donc fait incroyablement discret. Reste à savoir jusqu’à quand ce calme régnera...
La consommation repart
Pour justifier l’oubli dans lequel a sombré le pétrole, certains experts soulignent la faiblesse de la demande dans les pays de l’OCDE. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), celle-ci reste en effet nettement inférieure à celle du début de l’année 2008. à l’heure où le centre du monde se déplace vers les pays émergents, et ce dans quasiment tous les domaines, il est néanmoins surprenant de constater que le marché pétrolier n’en fait pas autant. Si les opérateurs se tournaient un peu plus vers la demande hors OCDE, ils découvriraient ainsi que la consommation de gazole et d’essence croît à un rythme annuel supérieur à 8 % en Chine. Globalement, la demande des pays émergents a d’ailleurs plus que compensé la faiblesse enregistrée chez nous : même en prenant pour référence la prudente prévision de l’AIE, la consommation mondiale devrait atteindre 88,8 millions de barils/jour en 2011, un niveau supérieur au pic de 2007 ! Oui, mais l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) table sur une prévision de « seulement » 87,1 millions de barils/jour, rétorqueront certains. Certes, mais n’est-ce pas le jeu traditionnel du cartel que de minimiser l’ampleur de la demande lorsqu’il ne souhaite ou ne peut pas relever ses quotas ? Alors que la demande a été remarquablement forte en Amérique du Nord au cours des derniers mois, l’Opep souligne que la fin des plans de relance en Europe et aux états-Unis va peser en 2011. Pour notre part, nous rappellerons que les plans européens n’avaient rien d’exceptionnel, ce qui diminuera d’autant l’impact de leur disparition. Quant aux Etats-Unis, les récents choix du Congrès et du Président Obama démontrent que la relance est toujours d’actualité. Dans ce contexte, et vous l’aurez compris, nous tablons sur une consommation supérieure aux attentes qui ira de pair avec une reprise économique plus marquée.
L’offre est capée
En face, l’offre a peu de chances de croître significativement. La position de l’Opep est révélatrice : le cartel refuse de relever ses quotas pour les raisons évoquées plus haut mais souligne, par la voix de son secrétaire général, Abdallah el-Badri, que l’organisation
« ne bougera pas si le baril de pétrole atteint les 100 $ sous l’effet de la spéculation » ! L’Opep nous ayant de toute manière expliqué que l’équilibre de l’offre et de la demande était adéquat, vous êtes donc prévenu : elle n’interviendra pas pour freiner la hausse qui ne peut être que « spéculative ». De fait, le statu quo entre 70 $ et 90 $ qui satisfait tout le monde depuis plusieurs mois pourrait bientôt voler en éclat. Et ce d’autant plus que produire davantage de pétrole devient de plus en plus difficile de part le monde. Les grandes découvertes de gisements se font essentiellement en mer, en eaux profondes de surcroît. Les coûts élevés d’exploration ne se justifient donc que si les cours du baril progressent. Mais quand bien même les volumes mis à jour au Brésil ou en Irak venaient à être exploités, ils ne permettraient de compenser que la moitié du déclin enregistré sur les champs de production matures. Par ailleurs, et alors que les Etats-Unis demeurent le premier consommateur au monde, la situation de la Chine risque de perturber la stabilité actuelle des cours. L’ex-Empire du Milieu, qui représente 10 % de la consommation mondiale (soit plus de 8 Mb/j), est en effet très largement dépendant de ses importations. Or, en dépit de ses efforts, sa production devrait rester stable d’ici à 2015, à 3,7 Mb/j, ce qui va le contraindre à accroître ses stocks. Or, sur ce point, la Chine est beaucoup moins transparente que l’Amérique. L’absence de données va réduire la visibilité et devrait conduire à la formation d’une prime sur les cours du pétrole.
La finance va nécessairement
y revenir
Dans cet environnement, quelle sera l’attitude des fonds « spéculatifs » ? Certains analystes s’attendaient à les voir réduire leurs positions à la fin de cette année pour des raisons comptables. Or, c’est exactement l’inverse qui est en train de se produire : le nombre de positions « spéculatives » est en hausse depuis le début du mois de décembre. En 2011, dans un contexte marqué par un afflux de liquidités poussées mécaniquement vers le risque, nous estimons que le marché pétrolier, parallèlement aux actions, va retrouver de l’attrait à leurs yeux. L’or noir représente en effet un actif plus concret que le métal jaune et plus volatil que les actions. Compte tenu de ces éléments, le pétrole comme les secteurs pétrolier et parapétrolier devraient se distinguer en 2011.
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