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La brusque remontée des valorisations (rédigé le 27/08/2013)

Après les records successifs enregistrés depuis le début de l’année sur les principaux indices américains et le récent rebond des marchés européens, il nous semble plus que nécessaire d’opérer un point sur le niveau des valorisations. Depuis plusieurs années, la faiblesse historique des ratios constitue en effet le principal argument des acheteurs dont nous faisons partie depuis le krach de 2008.

Est-ce toujours le cas ? Au regard des coefficients de capitalisation (CCR) affichés sur les deux rives de l’Atlantique, nous pouvons en douter.

 

Les CCR progressent plus vite que les bénéfices

 

A la suite de l’écroulement des marchés financiers, les niveaux de valorisation des actions sont restés incroyablement bas pendant une période prolongée. Aux Etats-Unis, le CCR du Standard & Poor’s 500 trouvait ainsi son équilibre autour de 13 tandis que les indices européens subissaient dans le même temps une décote d’environ 15 % (justifiée par les écarts de croissance des profits) avec un CCR de 11. Depuis le début de l’année, la situation a fortement évolué. à Wall Street, les bénéfices ont certes progressé de quelques points sur douze mois glissants.

 

La hausse des cours a toutefois été beaucoup plus rapide (+ 17 % pour le S&P 500). Le CCR estimé pour 2013 s’affiche désormais autour de 15,7, ce qui le place quasiment sur sa moyenne historique de long terme. Sur le Vieux Continent, et pour reprendre le cas du CAC 40 qui nous concerne plus particulièrement, le CCR estimé pour 2013 atteint 15,9, soit un niveau inédit depuis six ans. L’indice parisien se paie donc plus cher que son homologue américain, ce qui constitue un très net renversement au regard de la situation qui prédominait depuis plusieurs années. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pour commencer, la remontée des cours des actions françaises n’a pas encore été accompagnée d’une hausse franche des profits. Ceux-ci, en repli en 2012, rebondissent à peine cette année. Pour certains entreprises, ils sont même en baisse. Les projections des analystes tablent en revanche sur une hausse globale et marquée en 2014. Cette perspective a donc incité des investisseurs à se positionner en amont. Les marchés américains ayant beaucoup progressé, les opérateurs souhaitant se reporter sur les actions européennes et françaises l’ont par ailleurs fait avec prudence en se positionnant sur les valeurs les plus « régulières » en termes de croissance. Pour preuve, Air Liquide, EADS, Essilor, Gemalto, Legrand, L’Oréal, LVMH, Pernod Ricard, Sanofi et Unibail-Rodamco ont inscrit au sein du CAC 40 des records historiques. Beaucoup de ces valeurs se payaient déjà avec des primes par rapport à la moyenne du marché. Le courant acheteur n’a fait qu’amplifier le phénomène. Or, lorsque les bénéfices grimpent de moins de 10 %, les CCR peuvent vite s’envoler. Les vingt entreprises les plus chères du CAC 40 se paient ainsi 20,36 fois les profits attendus pour l’exercice en cours et 16,76 fois ceux de l’année prochaine.

 

Des prévisions très optimistes

 

En faisant un tour d’horizon des estimations de profits, il apparaît que les prévisions de croissance actuellement intégrées par les analystes font ressortir une hausse des profits des entreprises américaines de 6,5 % en 2013 et de 11,3 % en 2014. Alors que le soutien des pays émergents s’étiole pour différentes raisons et que la Fed va devoir réduire son programme d’injection de liquidités, une accélération de la croissance est donc paradoxalement attendue. Le phénomène est identique en France où après une année 2013 de transition, les bénéfices sont attendus en progression de 21 %.

 

Nous nous attendions à ce que l’année en cours soit marquée par une remontée des valorisations. Toutefois, le mouvement est étonnamment rapide, sur la base d’estimations de surcroît optimistes au regard des défis économiques qui nous attendent. De tels ratios ne sont, selon nous, pas tenables alors que la preuve d’une reprise en Europe doit encore être apportée...


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