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Où est donc passée la croissance ? (rédigé le 01/10/2014)

La grande crise économique et financière de 2008 devait marquer un tournant. «Plus jamais ça», dirent alors à l’unisson les responsables politiques. Différents engagements nous furent ainsi présentés. D’un côté, la capacité des banques à faire tout et n’importe quoi grâce à la garantie implicite des Etats serait fortement réduite. De l’autre, les banques centrales gagneraient du temps pour que ces mêmes Etats puissent se réformer et réduire leur dette. Le tout aurait dû permettre de relancer l’activité économique. Six ans plus tard, une question s’impose : «où est passée la croissance ?».

 

Les différentes politiques monétaires ultra-accomodantes, pour ne pas dire laxistes, ont bien été au rendez-vous. La Réserve fédérale a inondé le marché financier de liquidités par le biais de son programme d’assouplissement quantitatif. Son bilan a plus que quadruplé pour dépasser les 4 000 Mds $ tandis que les taux réels restaient négatifs. De notre côté de l’Atlantique, la Banque centrale européenne a également ouvert les vannes du crédit pour les établissements bancaires qui ont pu se financer gratuitement. La fenêtre de tir «promise» pour permettre de nettoyer les écuries d’Augias que représentaient les comptes publics et bancaires a donc bien été ouverte. Elle n’est d’ailleurs toujours pas refermée.

 

Dans cet intervalle, les grandes résolutions annoncées par les politiques n’ont en revanche pas été tenues. Pour commencer, les banques et les Etats ont été les grands bénéficiaires des politiques monétaires. Les premières ont utilisé ces fonds pour gonfler la valeur des actifs financiers, les seconds ont pu emprunter à des taux dérisoires et sans lien aucun avec leur situation comptable. Les ménages et les entreprises n’ont guère vu la couleur de cette relance monétaire. Avant la crise, la garantie des Etats incitait les banques à prendre des risques à même de causer leur faillite. Cet aléa moral a été l’une des causes de la catastrophe enregistrée en 2008. Depuis, il n’a pas été éradiqué, loin de là. Désormais, la garantie des banques centrales incite les établissements bancaires mais aussi les Etats à prendre des risques inconsidérés. Pour ces derniers, cela se traduit par dépenses toujours trop élevées, des déficits récurrents et des dettes en perpétuelle expansion qui les exposent à la pire des sanctions le jour où les taux d’intérêt retrouveront des niveaux cohérents. Certains politiques semblent croire que le temps gagné par l’assouplissement monétaire peut l’être éternellement. Comme si l’on avait en quelque sorte trouvé le Graal économique.

 

Cette situation inédite a-t-elle au moins permis de relancer la croissance ? Non. Les Etats-Unis s’en sortent le mieux avec une progression de 2 % de leur Produit intérieur brut. Une telle performance nous fait toutefois penser à un cycliste ultra-dopé qui ne serait pas capable de franchir le premier col de 4ème catégorie. Ridicule. En Europe, c’est encore pire : la croissance est absente et la crise de confiance des acteurs économiques demeure saisissante. Ce constat saute aux yeux et risque d’inquiéter de plus en plus les marchés financiers. Si après six ans d’une politique monétaire inédite, la machine n’est pas repartie, peut-on véritablement croire que la méthode appliquée est la bonne ? Plus le laxisme l’emporte chez les quelques profiteurs d’un capitalisme dévoyé, plus les ménages et les entreprises se crispent en augmentant leur épargne ou en réduisant leurs investissements. Pourtant, la croissance, et non la politique monétaire, constitue in fine le nerf de la guerre. Les investisseurs ont oublié cette règle, bercés par les promesses des responsables politiques et monétaires. Alors que la Fed s’apprête, nous dit-on, à laisser les taux d’intérêt remonter, ils devraient vite s’en souvenir et revenir à l’essentiel. Back to basics, disent ainsi les anglo-saxons. Voilà qui devrait conduire à une poursuite de la correction.

 

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