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Crise : la France perd son triple A (rédigé le 18/01/2012)

Vendredi 13 janvier, Standard & Poor’s retirait à la France la note d’excellence « triple A » en l’abaissant d’un cran à AA+. L’agence de notation plaçait notre pays sous perspective négative, ce qui laisse supposer de nouveaux abaissements. Voilà qui contraste quelque peu avec les « bonnes » nouvelles du début de semaine (taux italiens en baisse et levée de capitaux réussie pour l’Espagne) qui avaient conduit les investisseurs à rêver d’une sortie de crise grâce aux injections de liquidités consenties par la Banque centrale européenne (BCE). Mais n’allons pas si vite.

 

Une décision qui ne change rien

 

Comme nous l’avons indiqué, la France a de facto perdu sa notation depuis de longs mois. En témoignent les taux auxquels elle empruntait sur les marchés et la décision de l’agence chinoise Dagong, laquelle avait abaissé la note de l’Hexagone il y a plusieurs mois de AA+ à AA- puis de AA- à A+ en décembre dernier. Cette information était donc déjà actée par les intervenants. L’appel à l’épargne lancé par notre pays le 16 janvier à des taux équivalents voire légèrement inférieurs à ceux qui étaient de mise avant la décision de Standard & Poor’s ainsi que la bonne tenue des marchés d’actions démontrent également que cette décision était attendue. L’abaissement de la note française ne constitue pas, en soit, une nouvelle. Et les commentaires justifiant cette décision n’apportent rien de nouveau non plus. Qu’apprend-on, en effet, dans le document rendu public par l’agence ? Que la zone euro se débat dans « les difficultés  » et que les solutions apportées s’appuient sur « un diagnostic incomplet des causes de la crise ». Pour la France, les rigidités dues à son marché du travail sont pointées du doigt ainsi que son manque de compétitivité, tout comme le caractère structurel de son déficit budgétaire. Mais est-ce là une surprise ? Non, il s’agit d’une simple piqûre de rappel... Cette non-information a cependant permis d’occulter les derniers rebondissements du dossier grec. Et sur ce point précis, la situation s’assombrit...

 

La Grèce dans l’œil du cyclone

 

La situation de la Grèce reste plus que jamais préoccupante. Les négociations menées par les membres de la troïka (gouvernement grec, FMI, Union européenne et banques) ont ainsi été suspendues, faute d’accord. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de chiffrer la perte que devront consentir volontairement les créanciers sur les emprunts grecs qu’ils détiennent. En octobre, ces derniers avaient accepté d’abandonner la moitié de leurs créances, soit 103 Mds € (le gouvernement grec souhaite désormais une décote de 75 %). Parallèlement, les banques s’étaient engagées à réinvestir 70 % du solde en obligations d’une durée de vie de 30 ans. Seul le taux restait à définir... Le FMI avance le chiffre de 2 %, un niveau très bas destiné à réduire le plus possible l’endettement grec (160 % du PIB) alors que les banques exigent, au moins, 5 % par an. Or, sans participation volontaire de ces dernières, la restructuration sera imposée. En d’autres termes, la Grèce fera faillite.

 

L’inconnue des CDS

 

Si tel est le cas, les garanties et autres assurances sur prêts, à savoir les fameux CDS (credit default swaps), devront être activées. Quels montants sont en jeu ? Personne ne peut répondre à cette question de manière précise puisque le marché des CDS n’est pas transparent. Selon les spécialistes, une somme de plusieurs centaines de milliards d’euros constitue une hypothèse crédible. Mais quelles banques ont vendu des CDS sur la dette grecque ? Et comment pourraient-elles faire face à leur activation en cas d’évènement de crédit ? Compte tenu de l’obstination des gouvernements à refuser toute faillite de la Grèce, les banques de la zone euro sont manifestement concernées. De fait, la troïka va tenter d’éviter une faillite de la Grèce (laquelle aurait dû être prononcée dès 2008 !). Sur ce point et alors que la situation devient explosive, nul doute qu’elle finira par obtenir une implication plus forte de la BCE dans le sens d’une monétisation de la dette (création monétaire). La vision courtermiste l’emportera donc. Il s’agira d’une bonne nouvelle pour les marchés mais qui sera lourde de conséquences dans une optique plus lointaine.

 

La BCE est désormais au pied du mur et va agir. Le marché devrait connaître quelques soubresauts avant cette décision qui constituera un tournant dans la crise.

 

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