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Le doute commence à s'installer (rédigé le 22/04/2015)
Après plusieurs semaines de totale euphorie au cours desquelles les valorisations n’ont cessé de se tendre pour des prévisions de croissance économique pourtant de plus en plus mal orientées, la séance du vendredi 17 avril pourrait marquer le retour à des considérations un peu moins optimistes. La panne mondiale des terminaux Bloomberg utilisés par les intervenants professionnels tout comme l’expiration mensuelle des contrats à terme et autres options (journée dite « des quatre sorcières ») auront sans aucun doute favorisé le regain de volatilité auquel nous avons assisté, le CAC 40 clôturant la séance sur un repli marqué de 1,55 %.
Mais il semble de manière générale que le doute mêlé de peur, qui n’a eu pourtant de cesse d’habiter les opérateurs à mesure que les indices progressaient, prend désormais l’ascendant sur les considérations habituelles. à savoir que les banques centrales viendront au secours des marchés, quoi qu’il se passe, que l’argent restera bon marché ad vitam æternam et que dans ce cadre, les profits des entreprises vont mécaniquement se redresser, tout comme le PIB des grandes puissances.
Ce réflexe est encore bien présent, comme en atteste la satisfaction provoquée par l’annonce de la Banque populaire de Chine. Mais les indices paraissent maintenant bien plus vulnérables à un « accident ». Il convient bel et bien de parler de fébrilité désormais. Il est vrai que le doute s’installe. Aux Etats-Unis ainsi, les prévisions de croissance ont été révisées à la baisse par plusieurs banques dont la très écoutée Goldman Sachs. Le coup de froid du 1er trimestre va-t-il durer ? Nous avons posé la question il y a peu (voir PU # 2657 / page 3), tout en rappelant que les mauvaises nouvelles sont souvent passées sous silence car celles-ci légitiment une action de la part des banques centrales. Le doute s’installe également en Europe où le fameux « alignement des planètes » – une expression qui aura été servie aux journalistes par l’exécutif français – semble connaître quelques ratés. Les prix du pétrole sont en effet repartis de l’avant, le baril de WTI s’approchant désormais des 60 $. Ne restent donc que deux planètes (les taux bas et la baisse de l’euro), qui tels deux points, et comme chacun le sait, ne peuvent être qu’alignés.
Du côté des entreprises européennes d’ailleurs, les résultats trimestriels publiés jusque-là n’ont guère été convaincants. Les taux de croissance des chiffres d’affaires retraités des effets de change laissent en effet penser que l’activité reste bien peu dynamique, quand elle ne s’inscrit pas en baisse. Des sociétés comme Schneider Electric, Danone, Nestlé et Unilever, qui ont dévoilé à ce titre des performances décevantes, méritent-elles d’être valorisées comme elles le sont ?
La question ne se pose pas clairement à l’heure actuelle. Mais les analystes ne pourront s’y soustraire indéfiniment. Sur le Vieux Continent toujours, c’est le retour du risque grec qui pourrait bouleverser la donne. Le pays semble sur le point de faire défaut, c’est-à-dire se déclarer dans l’impossibilité de rembourser une échéance sur sa dette. Les réunions « de la dernière chance » qui vont sans aucun doute se succéder nous replaceront quelques années en arrière, mais nombre d’observateurs jugent désormais probable cette éventualité. Pour preuve, et cette anecdote n’est pas si anodine qu’il y paraît, les bookmakers anglais refusent désormais de prendre des paris sur une sortie du pays de la zone euro. Dans ce cadre et malgré les « bons soins » prodigués par Mario Draghi dont les actions demeurent encore l’alpha et l’oméga des investisseurs, nous estimons que les marchés vont renouer avec la volatilité. Et que nous serons donc en mesure d’utiliser prochainement une partie des liquidités consciencieusement mises de côté au cours des derniers mois.
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