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Marchés US : pourquoi si chers ? (rédigé le 04/04/2017)

Quels que soient les ratios de valorisation utilisés, les actions cotées à Wall Street apparaissent cher payées. Si l’on mesure par exemple le rapport entre la capitalisation du marché américain et le Produit intérieur brut des Etats-Unis, un indicateur particulièrement apprécié du très reconnu Warren Buffet, celui-ci ressort à 130 %. Il n’y a qu’en 2000, année marquée par la bulle technologique, que ce niveau a été dépassé pour atteindre 148 %. A titre de comparaison, la moyenne historique ressort à 80 %. De même, le Standard & Poor’s 500 capitalise 18 fois les profits anticipés pour les 12 prochains mois. Or, la moyenne de ce ratio ressort à 15,2 sur 5 ans, 14,4 sur 10 ans et 17 sur 20 ans. Autre exemple, le ratio Shiller, qui tend à lisser la cyclicité des profits, ressort à 28,97. Or, il n’a dépassé ce niveau qu’en 1929 et en 2000 tandis que sa moyenne historique ressort à 16,74. Bref, le marché est cher et nombre d’intervenants en sont convaincus.

 

Selon Bank of America-Merrill Lynch, le pourcentage net d’investisseurs jugeant les actions américaines surévaluées (c’est-à-dire la différence entre ceux qui répondent oui et ceux qui répondent non) ressort à 81 %. Comme en 2000. Mais pourquoi le marché est-il si cher ?

 

Pour commencer, il faut se souvenir que les cours ont progressé plus vite que les profits, et ce depuis plusieurs années. L’action de la Réserve fédérale, extrêmement laxiste, y est pour beaucoup. En maintenant les taux d’intérêt à un niveau anormalement bas et en supprimant ainsi les alternatives aux actions, la banque centrale américaine a réduit le libre-arbitre des investisseurs. Bien que l’institution soit désormais engagée dans un cycle de resserrements monétaires, les intervenants restent persuadés que sa bienveillance reste de mise vis-à-vis des marchés. D’ailleurs, elle a pour l’instant choisi de maintenir le niveau élevé de son bilan gonflé par les achats d’actifs menés au cours des dix dernières années. Ce qui constitue toujours un soutien, en toile de fond. A un horizon plus court, la Bourse américaine a par ailleurs trouvé deux nouveaux moteurs « haussiers ».

 

Le premier n’est autre que le retour de la croissance des profits. Les analystes anticipent en effet un rebond après deux années de vaches maigres. Mais les investisseurs supputent que cette croissance sera en réalité bien plus élevée grâce à la politique fiscale de Donald Trump. Ce dernier a en effet promis des baisses « massives » d’impôts pour les entreprises. Et certains d’évoquer une croissance des bénéfices nets non pas de 10 % mais de 20 % si le taux d’impôt sur les sociétés est abaissé d’un tiers. De fait, si les investisseurs croient majoritairement que le marché se paie cher, ils estiment également que cette survalorisation va se justifier a posteriori grâce à « l’effet Trump » sur les profits. La confiance est ainsi très élevée dans l’avenir.

 

L’autre moteur de Wall Street est macroéconomique. Dans l’esprit des investisseurs, le nouveau locataire de la Maison blanche va donner un coup de fouet à l’économie. Le discours volontaire de Donald Trump a galvanisé la finance américaine qui se met à rêver à nouveau d’un taux de croissance de l'ordre de 4 %. Sur ce front, il est d’ailleurs étonnant de constater à quel point l’écart grandit entre les indicateurs mesurant le sentiment des acteurs économiques d’une part et les données réelles sur l’activité d’autre part, lesquelles peinent à refléter une quelconque accélération de la croissance.

 

Le marché est donc cher mais les investisseurs vivent avec car ils estiment que l’avenir est radieux. Selon eux, le retour de la croissance de l’activité et des profits va rendre moins criante la cherté de la Bourse américaine. Si l’on devait résumer, nous dirions que l’espoir se paie historiquement cher. Face à cette forme d’euphorie, nous sommes circonspects et avons choisi de réduire notre exposition aux valeurs américaines. Le risque de déception nous semble plus élevé que jamais.

 

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