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Une révolution énergétique (rédigé le 09/05/2012)

A la fin de l’année 2011, les autorités françaises décidaient de faire l’impasse sur l’exploitation du gaz de schiste dans l’Hexagone. Au nom du principe de précaution, les quelques permis octroyés étaient abrogés, au grand dam des sociétés concernées. La technique de la fracturation hydraulique (qui consiste à injecter sous très haute pression un fluide destiné à fissurer la roche dans lequel est emprisonné le gaz), décriée par certaines organisations environnementales, est en cause. Total a beau avoir affirmé être en mesure d’exploiter autrement les réserves gazières non conventionnelles, le groupe n’a pas été entendu. Aux Etats-Unis, le choix inverse a été fait au début des années 2000. Une véritable course au gaz de schiste a ainsi été lancée sous la présidence de G.W. Bush : elle débouche aujourd’hui sur ce qu’il convient d’appeler une révolution énergétique. Quels en sont les bénéfices ? Quelles en seront les prochaines étapes ? Comment en profiter ? Nous allons tenter de répondre à ces questions.

 

L’essor du gaz de schiste

 

Qui aurait pu envisager, voici encore cinq ans, que les Etats-Unis deviendraient en 2011 le premier producteur mondial de gaz naturel, devant la Russie ? L’exploitation du gaz de schiste a pourtant profondément modifié le paysage énergétique américain. Alors que l’administration Obama faisait des énergies vertes la colonne vertébrale de sa politique énergétique et que les media chantaient la gloire du solaire et de l’éolien, les gigantesques efforts d’investissements menés par les groupes pétroliers et gaziers américains ont conduit à une abondance de gaz sans précédent dans le pays. La première conséquence visible est que l’Amérique réduit sa dépendance énergétique et bouleverse les équilibres géopolitiques. Dans le même temps, elle relance sa compétitivité et son attractivité : le gaz américain est devenu le moins cher du monde, et de loin (voir tableau). De nombreuses industries chimiques et pétrolières ont ainsi été relocalisées aux Etats-Unis. La pétrochimie trouve un environnement idéal pour fabriquer des produits comme le PVC ou le polyéthylène, ce qui entraîne le retour de secteurs connexes et des créations d’emplois. La baisse des prix du gaz a de fait constitué un meilleur plan de relance que celui concocté par les états... Enfin, la balance commerciale de l’Amérique, jusqu’ici affectée par la facture énergétique, se redresse : elle pourrait afficher un excédent d’ici cinq ans. L’abondance est telle que les groupes gaziers souhaitent désormais exporter leur production.

 

La nécessité d’exporter

 

Avec un gaz historiquement bon marché, autour de 2 $ par million de BTU (« British thermal unit », l’unité de référence), le secteur est en effet tenté de profiter des écarts de prix affichés avec le reste du monde. Alors que des projets d’exports de gaz naturel liquéfié (GNL) sont déjà en cours de développement en Colombie britannique (Canada), la Federal Energy Regulatory Commission (FERC), l’agence de régulation énergétique américaine, semble décidée à ouvrir la voie à l’export du GNL des « Lower 48 », à savoir les états contigus du pays situés sur le continent. Une première autorisation pour une telle infrastructure vient d’être accordée. D’autres devraient suivre en dépit d’une certaine opposition de l’opinion publique qui craint le « pillage » des ressources gazières du pays, estimées à un siècle de consommation.

 

Un besoin d’infrastructures

 

Compte tenu de la tendance « baissière » des prix du gaz, qui risque donc de se propager au monde, les groupes les plus à même de profiter de cette révolution énergétique ne nous semblent pas être les « purs » producteurs. Les opportunités se situent plutôt en aval, c’est-à-dire dans le stockage, la liquéfaction et le transport pour l’export. Bref, ce sont plutôt les entreprises fournissant les infrastructures permettant de « recycler » l’abondance de gaz qui devraient tirer leur épingle du jeu.

à ce titre, le GNL constitue la priorité. Le gaz naturel peut en effet être acheminé soit par canalisations, soit par méthaniers mais alors dans sa forme liquéfiée. Or, si l’objectif est de profiter des prix plus élevés en Europe et en Asie, cette dernière possibilité est bien évidemment plus flexible et donc plus adaptée aux exportations à partir du continent américain. La liquéfaction, qui consiste à refroidir le gaz naturel pour l’amener à une température de - 162 ° C, permet en effet de réduire 600 fois le volume du gaz naturel.

 

Le succès du gaz de schiste aux Etats-Unis constitue un évènement majeur pour l’économie mondiale. Ce n’est pas sans raison que d’autres pays, comme la Pologne, s’apprêtent à suivre l’exemple américain. L’abondance de gaz en Amérique devrait générer d’importantes opportunités. Nous sommes revenus dans nos colonnes sur les pistes d’investissement à envisager et sur l’impact de cette révolution pour certaines de nos valeurs du secteur énergétique.


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