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Minerai de fer : un rebond éphémère ? (rédigé le 13/05/2016)

Au cours des dernières semaines, les prix des matières premières ont connu une véritable envolée dans des volumes d’échanges presque inégalés. Le minerai de fer s’est ainsi apprécié de près de 60 %, sur une base, il est vrai, historiquement faible, entraînant un rebond prononcé des valeurs du secteur. Depuis quelques jours toutefois, la consolidation a pris le dessus, et ce de manière pour le moins brutale. Les cours des producteurs ont du même coup nettement corrigé. Peut-on s’attendre rapidement à un rebond de ce compartiment ou l’envolée récente des cours doit-elle être plus simplement considérée comme un faux départ ?

 

Un baromètre de la situation économique chinoise

 

L’été dernier et pendant plusieurs mois, les investisseurs se sont inquiétés de la situation de l’économie chinoise. Les statistiques officielles étaient boudées car jugées peu fiables tandis que plusieurs indicateurs laissaient entendre que la croissance du pays était orientée à la baisse de manière significative. Or la Chine produit et consomme environ la moitié de l’acier (alliage de fer et de carbone) produit dans le monde et importe maintenant plus de 80 % du minerai de fer qu’elle consomme, le secteur du bâtiment et des travaux publics (grandes infrastructures, en premier lieu) en étant le principal destinataire. Alors que l’offre de minerai de fer restait élevée, tel un héritage du « super-cycle » qu’ont connu les matières premières, les prix chutaient sous les 40 $ la tonne, bien loin des 190 $ touchés en 2011. Après avoir vu tout en noir, les investisseurs ont timidement repris confiance. Et l’annonce d’une hausse inattendue des exportations chinoises en mars (voir PU # 2707 / page 1) les aura convaincus de se porter à nouveau à l’achat.

 

Une spéculation " à la chinoise "

 

Voilà qui explique en premier lieu le rebond récent des cours du minerai de fer et la hausse des valeurs du secteur. Mais pas seulement. Il apparaît en effet qu’un certain nombre d’investisseurs chinois, rebutés par les restrictions dont ils font l’objet sur les marchés d’actions, se sont reportés sur les métaux à la faveur de prises de positions purement « spéculatives ». Ce mouvement a d’ailleurs inquiété les autorités chinoises qui ont très vite ordonné aux trois places principales (Shanghai, Dalian et Zhengzhou) de mettre un terme à cette exubérance. Plusieurs mesures ont alors été prises afin de limiter les transactions, pour l’heure avec un certain succès. Ce qui a participé à la baisse des cours. Celle-ci a sans doute été appuyée par le retour récent des craintes entourant la situation économique de l’ex-Empire du Milieu. Les exportations, exprimées en dollars, sont reparties à la baisse au cours du mois d’avril. Tandis que plusieurs chiffres quelque peu effrayants sur le niveau d’endettement du pays étaient dévoilés par des sources non-officielles... De fait, il paraît probable, tout du moins à court terme, que les cours du minerai de fer restent sous pression.

 

Les producteurs à la manœuvre

 

Pour autant, un marché doit s’apprécier tout autant du côté de la demande que de l’offre. Et sur ce point, un changement de cap a été opéré par certains des plus importants producteurs de minerai de fer, à savoir Vale, Rio Tinto, BHP Billiton et Fortescue Metals, dont la production combinée représente environ 70 % de l’offre. Jusqu’à récemment, ces derniers ne cessaient d’accroître leur production afin de s’accaparer une part toujours plus importante du marché, tout en réduisant considérablement leurs coûts en vue de maintenir leur rentabilité. Depuis la fin avril, BHP Billiton et Rio Tinto ont pris acte d’une certaine saturation sur le marché et décidé de réduire leur production d’environ 10 millions de tonnes, imitant en cela leurs deux autres concurrents pour une baisse globale de plus de 60 millions de tonnes sur l’année. Leur objectif est simple : soutenir les cours.

 

Les producteurs ont donc décidé de réduire leur offre compte tenu de l’asymétrie avec la demande. Ce mouvement pourrait se poursuivre si l’économie chinoise ne rebondit pas, ce qui est à notre sens le scénario à privilégier.


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