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Pourquoi l'inflation reste faible ? (rédigé le 17/04/2012)

Vous le savez à nous lire, nous anticipons une forte remontée des prix au cours des prochaines années, eu égard aux politiques monétaires outrageusement expansionnistes menées par la Fed et la BCE. Nombre d’entre vous partagent d’ailleurs ce point de vue mais s’étonnent de voir que l’inflation demeure encore relativement sage en ce début d’année. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce phénomène. Pour commencer, il ne faut pas oublier que la croissance est modeste aux Etats-Unis à l’heure où l’Europe est elle-même quasiment en récession. De fait, la demande des consommateurs étant globalement faible dans les pays développés, les entreprises hésitent à répercuter sur leurs clients la hausse des coûts qu’elles enregistrent. D’importants efforts de productivité ont ainsi été réalisés pour repousser la valse des étiquettes. En 2011, les prix du tabac, de l’énergie et de l’alimentation ont progressé de 6 % en moyenne tandis que ceux des services et des produits manufacturés ne grimpaient que de 1,4 %.

 

Le secteur bancaire panse ses plaies

 

Dans les même temps, les injections de liquidités ont avant tout profité aux établissements bancaires. Tandis que ces derniers manquaient de fonds pour survivre, les banques centrales leur ont accordé des conditions de financement exceptionnelles. Les banques ont-elles pour autant prêté aux ménages et aux entreprises dans les mêmes proportions ? Bien évidemment non. Dans un contexte de crise financière aiguë, toutes ont préféré conserver ces liquidités intactes et éviter d’accroître le montant de leur bilan promis à une cure d’amaigrissement. Elles ont ainsi pu se rapprocher des ratios de liquidités toujours plus stricts imposés par les organismes de régulation, ce qui était l’objectif premier des autorités monétaires.

 

Le pétrole : un premier impact mesurable

 

Faut-il pour autant croire que l’impensable politique monétaire des banques centrales américaine et européennes n’a et n’aura aucune incidence sur les prix ? Selon certains observateurs, la hausse des prix du pétrole et donc de l’essence reflète les craintes des opérateurs de voir les tensions entre l’Iran d’un côté, Israël et les Occidentaux de l’autre, déboucher sur un conflit et sur la fermeture du détroit d’Ormouz. Cet élément joue certainement mais n’explique pas tout. En dollars et en euros, les cours du pétrole ont en effet progressé. Mais en francs suisses, en dollars australiens ou en reals brésiliens, ce n’est absolument pas le cas. Le renchérissement des prix de l’or noir n’est finalement sensible que pour les consommateurs dont la devise a chuté sous l’effet d’une exploitation abusive de la planche à billets. Il s’agit donc là d’une des premières conséquences des politiques hétérodoxes menées en Occident. Et d’autres suivront...

 

Les bilans des banques centrales ont gonflé

 

Avec la mise en place des politiques monétaires expansionnistes, les bilans des banques centrales ont changé de dimension. Aux Etats-Unis, celui de la Réserve fédérale a par exemple été multiplié par trois en moins de quatre ans. La base monétaire représente ainsi 18 % du Produit intérieur brut (PIB), contre seulement 6 % à 7 % entre 1998 et 2008. En Europe, elle atteint presque 20 %. Au niveau mondial, elle pèse 24 % du PIB, contre 8 % voici quinze ans. Dans le même temps, cet argent reste essentiellement placé auprès des mêmes banques centrales : les dépôts atteignent 1 700 Mds $ aux Etats-Unis, contre moins de 50 Mds $ avant la crise. Si l’on écoute les autorités monétaires, cet excès de liquidités ne pourra être résorbé tant que l’économie n’aura pas redémarré. Malheureusement, il sera alors trop tard pour éviter un dérapage des prix puisque les banques auront transféré ces énormes liquidités à l’économie réelle sous forme de crédits...

 

Que les prix restent (relativement) sages ne signifie pas qu’il faille pour autant ignorer le spectre inflationniste. Il convient de s’y préparer dès maintenant pour protéger au mieux son patrimoine. Nous reviendrons sur le sujet dans notre prochain numéro.


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