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France : quelle austérité ? (rédigé le 30/04/2013)

En France, le mot «austérité» est devenu un terme des plus vagues, synonyme le plus souvent de «mesures antisociales» ou de «politique néo-libérale».

Ce terme est agité tel un épouvantail par nombre de ceux, de gauche comme de droite, qui n’appartiennent pas à la majorité gouvernementale accusée de faire le jeu «des marchés» et d’oublier l’humain. Celle-ci se défend pourtant de suivre une telle voie – non sans raison comme nous le verrons plus loin –, usant de termes policés («sérieux budgétaire») pour qualifier la politique menée actuellement.

 

Qu’est-ce que l’austérité ?

 

Il n’existe pas à proprement parlé de définition unique. Mais à prendre pour référence les pays comme la Grèce, l’Italie ou le Portugal et l’histoire économique un peu plus ancienne, une politique d’austérité (ou de rigueur) combine hausse des impôts (mesurée) et baisse des dépenses publiques (importante). L’objectif est le suivant : relancer l’activité privée, donner l’envie d’entreprendre et responsabiliser les populations. Cette politique s’oppose à celle dite « de relance » qui vise à augmenter les dépenses publiques et multiplier les investissements sous l’égide de l’état au prétexte de l’effet multiplicateur de ceux-ci sur l’activité et de la nécessaire cohésion sociale.

 

La politique actuelle emprunte-t-elle à cette définition ?

 

Pour revenir au cas français, la politique suivie depuis maintenant près de deux ans dépasse le strict cadre de notre définition de l’austérité. Depuis le premier plan de rigueur mis en place par le gouvernement Fillon, les ménages et les entreprises ont été mis à contribution à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Ce choc fiscal historiquement sans précédent ne s’est accompagné d’aucune baisse des dépenses publiques ni d’aucune réflexion sur la sphère d’intervention de l’état. Il est donc totalement faux d’évoquer actuellement une quelconque politique d’austérité. Les réformes dites structurelles auxquelles ont souscrit les pays qui affichent actuellement une bien meilleure santé que la nôtre (Suède, Canada, Allemagne, Nouvelle-Zélande, etc.) ont été une fois encore repoussées si ce n’est abandonnées, purement et simplement.

 

Un rapide coup d’œil aux quatre graphiques publié ici montre que l’Etat français ne saurait être considéré comme exsangue ou sollicité de quelque manière que ce soit alors que plus de 56 % de la richesse produite chaque année tombe dans son escarcelle. Il est vrai que les politiques suivies depuis maintenant plusieurs dizaines d’années ont fait la part belle aux plans de relance dispendieux et sans effets notables, alors que l’action publique était dévoyée au profit du « tout social » et de la satisfaction de certaines clientèles électorales. Rien ne semble devoir changer et nombreux sont ceux parmi la majorité à exiger de nouvelles dépenses destinées à relancer l’activité. Peu importe, nous dit-on, que l’état soit contraint d’emprunter près d’un euro sur les trois qu’il dépense, créant de là un déficit chronique qui vient augmenter l’endettement de la nation.

 

Et demain ?

 

L’austérité est-elle devant nous ? A en juger par la politique suivie par nos gouvernants, cette option n’est pas d’actualité. Seul un effort sur la tendance naturelle (sic) à l’augmentation des dépenses de l’état est annoncé comme objectif. Le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et certains de nos voisins risquent de s’impatienter. Ainsi, l’entourage du ministre allemand des Finances ne comprend pas que la France tourne le dos à un chemin qu’elle n’a pas encore emprunté. On ne saurait mieux dire... La France va toutefois être rapidement contrainte de changer de cap dès lors que ses conditions d’emprunt se dégraderont. L’accalmie actuelle sur les taux ne saurait en effet durer. L’austérité, « c’est maintenant », ou plus certainement demain...

 

Les ménages (surtout les plus aisés) ainsi que les entreprises ont été sollicités jusque-là et ne pourront pas l’être davantage, sauf à la marge. L’austérité qui se profile va concerner en premier lieu la sphère publique et le domaine d’intervention de l’état. Voilà qui ne se fera pas sans réticences ou heurts, mais reculer devant l’inéluctable rendra la potion encore plus amère.


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