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Le spectre de la déflation (rédigé le 20/01/2014)

Les économistes et investisseurs craignent actuellement, et avant toute autre considération (comme celle ayant trait par exemple à l’endettement), l’entrée en déflation de l’économie européenne. C’est ainsi et par un merveilleux hasard du calendrier que ces derniers ont agité comme un seul homme ce chiffon rouge quelques jours seulement avant une réunion du comité de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), laquelle s’est traduite, contre toute attente, par une baisse des taux de 25 pts de base. Les Cassandres ont visiblement été entendues par l’établissement francfortois qui prête désormais, comme la Fed, une oreille plus qu’attentive aux desiderata des marchés. Et comment aurait-il pu en être autrement alors que la presse se faisait soudainement l’écho de cette prévision à grand renfort de « unes » tapageuses ? Quelques précisions s’imposent sur ce revirement que l’on pourra juger particulièrement suspect.

 

Qu’est-ce que la déflation ?

 

En économie, la déflation est une baisse de l’indice des prix à la consommation observée sur une période suffisamment longue, à savoir plusieurs trimestres. Les keynésiens craignent (et anticipent) que la déflation incite à différer sa consommation en thésaurisant. Si ce phénomène l’emporte sur l’effet prix qui, lui, incite à consommer davantage lorsque les prix baissent, alors la demande recule, tout comme la production : la spirale déflationniste est à l’œuvre. Les états s’inquiètent aussi de l’impact de la déflation sur leur bilan et leurs recettes. Si l’inflation agit comme un impôt caché en érodant la valeur de la monnaie et leur endettement massif, la déflation a l’effet inverse.

 

Sommes-nous en déflation ?

 

En décembre 2013 et selon les données publiées par Eurostat, l’indice des prix à la consommation est ressorti à + 0,8 %, après + 0,7 % un mois plus tôt. Les prix continuent donc d’augmenter mais l’ampleur de cette hausse s’est ralentie, c’est là un fait indéniable. Il n’y a toutefois pas lieu d’évoquer pour l’heure la déflation. D’ailleurs personne ne le fait. Cette décélération des prix s’explique facilement : confrontés à des politiques économiques visant à réduire l’endettement, par des hausses d’impôts le plus souvent, les ménages différent un certain nombre de leurs achats et préfèrent augmenter leur épargne. Ces derniers estiment que la situation actuelle leur impose de faire le dos rond en attendant une éclaircie. Les agents économiques agissent donc ici de manière rationnelle. D’autres éléments explicatifs peuvent être avancés comme la baisse des coûts du travail dans plusieurs économies de la zone euro et le vieillissement de la population. En termes de perspectives, il convient par ailleurs de rappeler que la BCE table pour l’année en cours sur une hausse des prix de 1,4 % puis de 1,5 % en 2015, ce qui semble loin de correspondre à la définition de la déflation vue plus haut. Mais il ne s’agit ici que de prévisions, soulignons-le.

 

La charrue avant les bœufs

 

Nombreux sont les politiques et les économistes à proposer des solutions pour guérir de ce mal qui ne nous frappe finalement pas. Ceux qui estiment que nous sommes en déflation et qui proposent une création monétaire accrue, sont les mêmes que ceux qui ont proposé et obtenu en 2009, face à la récession, une relance budgétaire. Pour les résultats que nous connaissons... In fine, ils espèrent que la BCE adoptera une politique encore plus laxiste, à l’image de ce que fait actuellement le Japon, pays qui connaît une déflation caractérisée depuis le début des années 1990. L’Europe comme les États-Unis croulent déjà sous la création monétaire tandis que le taux de base des banques centrales est proche de zéro. Mais rien n’y fait et il convient d’aller plus loin encore ! Ce sont ainsi de nouvelles mesures non-conventionnelles qui sont littéralement exigées, parmi lesquelles l’adoption rapide de taux d’intérêt négatifs. Et ce pour le plus grand plaisir des banques qui persistent à vivre en vase clos, et qu’importe que l’économie « réelle » n’en tire pour l’heure aucun bénéfice et que les peuples grondent.

 

L’évolution des prix pourrait continuer de s’assagir encore quelques temps. Mais il viendra le moment où ces excès devront être corrigés. Et c’est cette fois l’inflation qui fera parler d’elle...


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