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Chine : le ton se durcit (rédigé le 24/11/2010)

La Chine est donc devenue la 2ème économie mondiale. Pour autant, et comme nous l’avons écrit à de nombreuses reprises dans ces mêmes colonnes, la croissance du pays est mal répartie (consommation intérieure et exportations, public et privé). Profitant d’un monnaie consciencieusement sous-évaluée car administrée par le pouvoir politique, le pays a souhaité développer son l’industrie à pas de géant et donc les exportations. Voilà qui fait craindre une surchauffe. Une transition s’impose donc vers un modèle plus soutenable à long terme et au profil moins risqué. Face aux bulles actuellement à l’œuvre et qui ne demandent qu’à éclater, la situation relève de l’urgence.


Plusieurs facteurs de risque


L’envolée des prix de l’immobilier dans les grandes villes du pays (2 400 € le mètre carré à Pékin, soit le double de l’an passé), tout comme la hausse enregistrée par les actifs boursiers depuis maintenant plusieurs années (+ 200 % en quatre années pour l’indice Shanghai Composite qui a toutefois déjà consolidé depuis son sommet historique), constituent de véritables bombes à retardement. La croissance du pays est portée à hauteur de 70 % par le secteur du bâtiment et de l’immobilier, une situation qui ne saurait être qualifiée de saine. Li Daokui, professeur à l’Université de Tsinghua et membre du comité de politique monétaire de la People’s Bank of China, estimait il y a six mois que « le problème du logement en Chine est en fait beaucoup plus fondamental et plus important que celui du marché immobilier aux états-Unis et au Royaume-Uni avant la crise financière ». De fait, les banques chinoises, accusées par ailleurs de maquiller leurs comptes, voient s’accumuler les créances douteuses dans leurs bilans. Un scénario qui rappelle celui du Japon d’il y a quelques années... La hausse des prix de l’immobilier, tout comme l’augmentation des salaires liées à des revendications salariales bien plus nombreuses que ne le laissent entendre les autorités, sont également en train de faire déraper les prix alors que l’accès aux liquidités reste particulièrement aisé malgré quelques mesures phares mais finalement peu suivies. En octobre 2010, l’indice des prix à la consommation est ainsi ressorti à 4,4 % en glissement annuel. Ce chiffre cache un envol des prix de 10,1 % pour les denrées alimentaires, soit le cœur de la consommation des ménages les plus pauvres encore très nombreux, rappelons-le. Politiquement, il convient de surveiller l’évolution des prix comme le lait sur le feu, au risque d’assister à des mouvements sociaux toujours difficilement contrôlables alors que les inégalités n’ont de cesse de se creuser dans l’ex-Empire du Milieu. Enfin, et ce sujet en étonnera peut-être plus d’un, le vieillissement de la population chinoise constitue un handicap à ne pas négliger. La baisse à venir du nombre d’actifs (dans seulement quelques années) va constituer une difficulté de premier plan pour le pays alors que les systèmes de santé et de retraite sont encore embryonnaires au regard des besoins à venir.


Les réactions se multiplient


Dans un tel contexte, c’est à un véritable changement de politique économique auquel va devoir se soumettre le pays. Certaines décisions récentes vont d’ailleurs dans ce sens. C’est ainsi que les autorités ont relevé les réserves obligatoires des banques, ajusté à la hausse la parité euro/dollar et surtout relevé les taux d’intérêt pour la cinquième fois cette année et à deux reprises en l’espace de seulement quinze jours. Les autorités chinoises sont donc soucieuses d’éponger les liquidités excédentaires circulant dans l’économie et de faire ralentir une machine qui pourrait être amenée à s’emballer. Plus important encore, Pékin a officiellement donné la priorité à la consommation courante. Après le « tout-export », la Chine entend visiblement marcher sur deux pieds et entend que la demande interne prenne le relais. C’est là un bon début. Mais les difficultés sont encore bien présentes.

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