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Un QE et ça repart ? (rédigé le 09/12/2014)

Convaincus que leurs anticipations de croissance de l’économie avaient été surévaluées, les investisseurs ont vendu le marché en octobre dernier. Le CAC 40 chutait ainsi sous les 3  800  pts à l’issue d’un très rapide mouvement de repli de l’ordre de 16 %. Depuis, les mauvaises nouvelles se sont accumulées, comme en témoignent les statistiques publiées semaine après semaine : la France ne parvient pas à sortir de l’ornière et repousse toutes les réformes structurelles, l’Italie peine à se réformer malgré le volontarisme de Matteo Renzi tandis que la conjoncture allemande se dégrade. Le schéma général n’a donc pas évolué positivement sur le Vieux Continent. Pourtant, la Bourse est parvenue à rebondir : le CAC 40 teste actuellement le seuil des 4 400 pts (texte rédigé le 9 décembre 2014, ndlr). Certains veulent y voir la conséquence de rachats à bon compte ou autres chasses aux bonnes affaires. En d’autres termes, les marchés auraient bien trop baissé à la faveur d’un mouvement d’humeur irraisonné. Mais cette affirmation nous semble trompeuse.

 

Une fois encore, c’est en effet vers la Banque centrale européenne (BCE), et plus globalement vers les banques centrales (Etats-Unis, Japon et maintenant Chine), qu’il convient de se tourner pour expliquer ce rebond. La stratégie mise en place est désormais limpide et nous rappelle celle qui était expressément en vigueur il y a quelques mois encore de l’autre côté de l’Atlantique. Qu’importent les évolutions négatives de la conjoncture, la BCE veille au grain et injectera autant de liquidités que nécessaire, lesquelles se porteront donc sur les actifs financiers risqués. Tel est actuellement le seul et unique moteur des marchés. La Banque des règlements internationaux (BRI) revient d’ailleurs sur le sujet à l’occasion de son dernier rapport trimestriel : « il est imprudent de ne pas tenir compte du fait que les marchés ne se sont pas entièrement stabilisés par eux-mêmes. Une fois encore, les commentaires rassurants des banques centrales ont contribué à ramener le calme ».

 

Ce schéma est désormais bien connu et nous n’avons eu de cesse d’y revenir au cours de ces dernières années. Nous jugions que ce type d’aberration ne pouvait être que transitoire. Mais il convient de l’avouer : le transitoire dure... Bill Gross, un des gérants les plus écoutés de la planète, rapportait le dialogue suivant. Affirmant que l’on n’avait jamais vu un patient souffrir d’un excès de dette être soigné par un surplus de dettes, il se voyait rétorquer la chose suivante : « personne n’a dit que le patient voulait être soigné ». Il est vrai que nombreux sont ceux qui ont intérêt à ce que la situation se prolonge : nos gouvernants qui se permettent ainsi de repousser l’adoption des mesures d’assainissement pourtant nécessaires, les marchés financiers qui continuent à faire « mumuse » sur du vent, les banques qui s’enrichissent et nous tous, dans une certaine mesure par conservatisme et attrait pour des gains jugé faciles. Désormais, les acteurs retiennent leur souffle et parient sur la mise en place d’un « QE » européen.

 

Et ils ont sans doute raison. La banque centrale européenne pourrait ainsi très vite adopter de nouvelles mesures non-conventionnelles et sans doute racheter les dettes émises par les Etats, quoi qu’en disent les statuts de la BCE et les Allemands, lesquels mangeront une fois encore leur chapeau. Mais nous le rappelons encore une fois : alors que la politique des banques centrale fait converger la rémunération de l’épargne vers zéro, qui prendra le risque d’investir, de créer des entreprises et donc des emplois ? Cette politique a tous les avantages à court terme, comme vu plus haut.

 

A plus longue échéance, elle est totalement mortifère.

 

Il conviendra malgré tout de continuer à s’y adapter, ce qui impose une très grande réactivité (voyez ainsi nos achats réalisés dans le creux d’octobre) tout en restant mesurés dans nos prises de risques (le maintien d’un important volant de liquidités s’impose encore et toujours, par précaution).

 

 

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