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La BCE spolie les épargnants (rédigé le 10/06/2014)

Le lobbying des politiques et des banques d’investissement aura été trop fort. Pressée d’agir, à n’importe quel prix, pour reprendre l’expression de son Président, Mario Draghi, la Banque centrale européenne (BCE) a finalement décidé d’actionner la planche à billets. Officiellement, il s’agit de sortir l’économie européenne de l’ornière. Officieusement, l’objectif est de favoriser les établissements bancaires afin qu’ils se refassent une santé tout en relançant l’inflation, un phénomène monétaire indispensable pour réduire la dette des Etats, laquelle atteint un niveau alarmant.

 

Une excuse toute trouvée : la relance économique

 

Sachez-le : si la BCE a décidé d’inonder les marchés de liquidités, c’est pour votre bien. Qui ne voudrait pas en effet voir l’activité économique montrer un peu plus de vigueur ? En baissant son taux directeur de 10 pts de base, l’institution dit anticiper un effet sur le volume de prêts octroyés aux entreprises et aux ménages. Est-ce crédible ? Rappelons tout de même que la baisse des taux d’intérêt est ressortie à 400 pts de base en moins de six ans sans que les résultats ne soient à la hauteur des attentes. En décembre dernier, le montant total des prêts enregistrait même sa plus forte baisse en vingt ans. En six ans, il est globalement stable : en hausse étroite pour les ménages et en baisse modérée pour les entreprises. Comment une baisse de 10 pts de base pourrait-elle avoir un quelconque effet ? Visiblement convaincue qu’il est possible de faire boire un âne qui n’a pas soif, la Banque centrale européenne a également instauré un taux de facilité de dépôt négatif. Si au lieu de prêter aux acteurs économiques, les établissements préfèrent stocker leurs liquidités, ils devront payer. L’idée serait lumineuse s’il existait une véritable demande. Malheureusement pour les partisans de l’interventionnisme et de l’activisme monétaire, les entreprises comme les ménages ne veulent pas emprunter. Avec une pointe de cynisme, nous pourrions d’ailleurs expliquer ce manque d’envie par la politique monétaire actuelle. En détruisant la valeur de la monnaie, la BCE incite les ménages à épargner et les entreprises à faire preuve de prudence. Il est en outre inutile de se presser lorsque « la garantie de taux bas pendant une période prolongée » est claironnée sur toutes les ondes. En ce qui concerne les taux négatifs, leur efficacité peut donc être mise en doute. Dans le contexte économique qui est le nôtre, il ne serait par ailleurs pas étonnant de voir les banques transférer les coûts de cette « taxe à la prudence » sur les emprunteurs. C’est d’ailleurs la Fédération européenne des Banques qui l’affirme ! Rien de plus normal...

 

Le véritable enjeu : spolier et contraindre

 

Comme nous le soulignons plus haut, seuls les véritables bénéficiaires de cette politique monétaire, à savoir les banques et les Etats, et quelques esprits allergiques aux lois économiques, comme l’hôte de l’Elysée, Arnaud Montebourg ou encore Jean-Luc Mélenchon peuvent croire ou faire croire que le nouveau plan de la BCE va relancer l’économie. Là n’est d’ailleurs pas le but. La grande crainte de la zone euro reste que l’érosion monétaire ne soit pas suffisante pour contenir l’expansion des dettes publiques. S’il n’y a pas d’inflation, les Etats sont condamnés à voir leur situation se détériorer. La BCE accélère donc les injections de liquidités, non pas pour soutenir l’activité mais pour provoquer une inflation du prix des actifs, laquelle conduira, en théorie et dans un second temps, à une inflation des prix à la consommation. Cette manière d’agir a en outre pour effet de gonfler la valeur du bilan des banques (et de détériorer celui de la BCE, mais qui s’en soucie ?). Du point de vue de l’épargnant, les effets de cette politique sont néfastes à plusieurs niveaux. Pour commencer, les taux réels sont négatifs, ce qui signifie que l’intervenant prévoyant et prudent perd de l’argent. L’épargnant se voit spolié au profit de ceux qui dépensent sans compter avec son argent. Les détenteurs d’assurance-vie ont déjà vu le rendement de leurs contrats chuter. Le phénomène va se poursuivre puisque les taux offerts par les obligations d’Etat, lesquelles constituent le noyau du «placement préféré des Français», ne cessent de reculer. Si vous ne souhaitez pas être spolié, vous devez participer, de manière contrainte, à la course au risque en achetant des actifs surévalués que ce soit en Bourse, dans l’immobilier ou encore dans l’art. Quand les taux réels sont négatifs, les intervenants ont tendance à faire n’importe quoi, affirme Larry Fink, le P.-D.G. de BlackRock. Désormais, la BCE vous y encourage. Elle ne saurait toutefois être tenue responsable des conséquences négatives à courte ou longue échéance... Car, soyez en sûr, celles-ci seront inévitables. Si cette politique n’est pas dangereuse, pourquoi n’a-t-elle pas été utilisée dès 2008 ?

 

Depuis une vingtaine d’années, l’activisme accru des banques centrales détruit l’équilibre de l’offre et de la demande, ce qui se traduit par une succession de bulles. L’épisode actuel ne fera pas exception. Comme dans les années 1990 pour les pays émergents, comme en 2000 pour la technologie, comme en 2007 pour la finance et l’immobilier mondial, une hausse mécanique et décorrélée des fondamentaux a pris forme. La véritable question est de savoir si, sur la base des précédents évoqués plus haut, vous préférez faire confiance au savoir-faire auto-proclamé des banquiers centraux ou à votre instinct de survie qui vous incite à penser qu’une telle politique, qui passe par la destruction du libre-arbitre, est suicidaire. Pour notre part, nous estimons que la contrainte et la spoliation masquée n’ont jamais été et ne seront jamais bénéfiques aux épargnants. Au regard de la décision de la BCE, il n’y a donc pas de quoi danser sur les tables. Notre stratégie visant à tabler sur l’échec des politiques monétaires actuelles demeure en place. Ainsi, et après avoir fait progresser la part de liquidités à 50 %, nous allons concentrer nos opérations sur un horizon court terme. L’enjeu est d’être capable de sécuriser les gains liés à cette bulle et d’être mobile lorsqu’elle éclatera. Pour ceux qui débutent un portefeuille, le niveau des valorisations appelle à la patience. L’excès d’optimisme (le sentiment « haussier » devient ultra-dominant, ce qui constitue une alerte d’un point de vue contrarian) ne doit pas vous faire commettre l’irréparable. Mieux vaut manquer une partie de la hausse que de s’exposer à un brutal retournement. Parlez-en à ceux qui sont restés « collés », incapables de manœuvrer, avec des titres payés trop chers en 2000 ou 2007.


 

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